Pour sa 27e Université d'été – du 10 au 12 septembre – la CSMF promet à ses cadres une rentrée verte et très politique, avec l'intervention attendue d'Olivier Véran mais aussi de Thomas Fatôme, DG de l'Assurance-maladie.
Cette édition intervient après un semestre marqué par deux événements importants de la vie syndicale. En avril, au terme d'une campagne électorale virtuelle et d'un scrutin numérique, ponctué par un taux de participation historiquement bas chez les médecins libéraux (22,66 %), la centrale confédérale a certes conservé le plus grand nombre d'élus et de voix tout en affichant des scores en repli. Le président de la Conf', Jean-Paul Ortiz, s'est alors positionné pour porter une voix commune face aux « démarches corporatistes » et au « repli identitaire ».
Deuxième jalon : en juillet, après d'âpres négociations avec l'Assurance-maladie, la CSMF a décidé de signer l'avenant 9, avec MG France et Avenir Spé-Le BLOC. Ce texte entérine pêle-mêle la revalorisation de quatre spécialités à faibles revenus, l'extension de la visite longue (VL), la rémunération des praticiens participant au service d'accès aux soins (SAS), l'assouplissement du recours à la télémédecine et des incitations aux usages numériques.
Signature de compromis
Comment les cadres de la CSMF ont-ils vécu cette séquence électorale et conventionnelle ? La question sera forcément (re)débattue en interne, hors des tables rondes officielles. Pour le Dr Patrick Assyag, cardiologue et secrétaire général des Spécialistes-CSMF, « on a déjà beaucoup discuté entre nous de l'avenant 9. Cela a permis de renforcer la coordination entre généralistes et spécialistes ». Adhérent à la Conf' depuis un an et demi, le Dr Salim Benabadji, radiologue à Paris, attend toutefois des explications pour savoir ce que cet avenant apportera à sa spécialité. « Mais l'important pour moi est l'avenir, la CSMF doit défendre tous les médecins libéraux », témoigne le spécialiste.
Patron des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel, défend de son côté une signature de « compromis ». « Le combat continue », alerte le généraliste de Mayenne qui appelle d'ores et déjà ses troupes à boycotter le futur service d'accès soins (SAS) en raison d'une rémunération jugée trop peu attractive sur les soins non programmés. « Ce n'est pas l'avenant du siècle, synthétise le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Mais il comporte des avancées tarifaires qui permettent de faire le pont en attendant la négociation de la prochaine convention médicale en 2023. » Surtout, la CSMF a pesé pour que l'enveloppe « honoraires » soit équilibrée entre généralistes et spécialistes (notamment avec la valorisation de l'avis d'expert APC).
Statut unique
Le néphrologue de Cabestany affiche sa détermination pour porter devant ses cadres une nouvelle vision de l'exercice. « Il doit être regroupé, coordonné et entrepreneurial », martèle le patron de la Conf'. Pour accompagner cette mutation, le Dr Ortiz, attaché au pacte contractuel, mise plus que jamais sur le véhicule conventionnel. Quatre groupes de travail (convention 2022, actes techniques et CCAM, coordination/coopération et formation médicale) planchent déjà sur des pistes dans le cadre du futur contrat avec l'Assurance-maladie.
La centrale polycatégorielle entend porter plusieurs évolutions structurelles comme la création d'un statut médical unique du médecin, incluant la protection sociale. Côté honoraires, la CSMF réaffirme son attachement au paiement à l'acte qui doit rester très majoritaire par rapport aux forfaits. Le syndicat réclame la simplification de la nomenclature clinique avec une hiérarchie des consultations à quatre niveaux lisibles et revalorisés. La création d'un espace de liberté tarifaire pour tous reste une revendication de longue date. Par exemple, « les spécialistes qui dispensent des soins de façon régulière dans les territoires déficitaires doivent pouvoir bénéficier de cette liberté tarifaire dont il convient de définir le pourcentage d'augmentation par acte et le volume sur lequel il peut s'appliquer », plaide le Dr Franck Devulder, gastro-entérologue, président des Spécialistes-CSMF.
Cabinet vert
Avec son pari du « cabinet médical 2030 », la CSMF entend innover sur le plan organisationnel (autour du regroupement systématique, avec l'emploi de personnel) mais aussi sur le plan technologique et numérique. Pour rendre cette mutation possible, le soutien de l'État et de l'Assurance-maladie sont incontournables, plaide le syndicat. Dans ce cadre également, la problématique de la santé environnementale devient centrale ; aux yeux de la CSMF, le médecin doit désormais être sensibilisé à ces enjeux tout au long de son parcours, y compris pour corriger sa pratique. D'où le fil rouge inédit de cette 27e édition, intitulée « Ma santé sent la chlorophylle », afin de sensibiliser les cadres au cabinet vert. Invité, Thomas Fatôme, directeur général de la CNAM, devra lui aussi répondre à cette question : la prochaine convention sera-t-elle plus verte et préventive ?
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