UN SYSTÈME de retraite par points, pas d’annuités, un âge légal de départ déjà fixé à 65 ans… Vue sous cet angle, la retraite des médecins libéraux n’offre pas beaucoup de points d’attaque à la réforme pilotée par Éric Woerth. Les choses ne devraient donc pas changer en ville à la rentrée. À un détail près, que relève le Dr Gérard Maudrux, président de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) : « Aujourd’hui, les médecins qui le souhaitent peuvent prendre leur retraite à 60 ans avec une décote. Avec la réforme, il paraîtrait logique que ce seuil remonte à 62 ans. » Un glissement qui ne concernera pas forcément une foule de médecins car les candidats à ce style de départ anticipé ne sont pas légion. « Partir à 60 ans, cela ne se décide pas du jour au lendemain. Cela se prépare plusieurs années à l’avance », affirme le patron de la CARMF qui parle en connaissance de cause puisqu’il a lui-même fait ce choix.
Après avoir longtemps attendu en moyenne 66 ans pour cesser leur activité, les praticiens de ville le font aujourd’hui plutôt autour de 65,5 ans. Abaissant leur âge de départ au fil des années, ils ne sont pas forcément dans le sens de l’histoire. Ceci d’autant moins que ce mouvement pourrait se poursuivre. D’abord, la formule du cumul emploi-retraite fait recette. Avec elle, « des gens qui travaillaient jusqu’à 70 ou 75 ans vont liquider leur retraite plus tôt et continuer une petite activité, prévient Gérard Maudrux. Ceci va diminuer de manière artificielle l’âge de départ en retraite. » Autre levier : l’ASV (allocation supplémentaire vieillesse), promis à une réforme douloureuse pour les cotisants et les pensionnés – le Dr Maudrux estime que cela se fera en 2012-2013, au moment de la cessation de paiement du régime –, ce qui pousse certains médecins à prendre leur retraite plus tôt que prévu afin de sauver les meubles. Beaucoup plus que les projets du gouvernement, c’est d’ailleurs l’avenir de l’ASV qui préoccupe les médecins libéraux. La preuve ? MG-France vient d’en faire l’un de ses thèmes de campagne dans la course aux unions régionales des professionnels de santé (URPS).
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