Alors que la guerre en Ukraine se poursuit et que des centrales nucléaires ont été prises pour cible par l'armée russe, la branche spécialiste de la FMF prend les devants. « Le risque nucléaire se précise, l'absence d'anticipation et la paralysie qui ont été manifestes au début du Covid se renouvellent au ministère », s'alarme la FMF-US, qui imagine déjà une hausse des cancers de la thyroïde, en cas d'accident nucléaire ou d'attaque atomique à l'Est, et donc de pollution nucléaire en France.
Pour « anticiper », le syndicat soutient l’instauration « immédiate » d’une consultation de prévention du cancer thyroïdien comportant « un examen clinique de la thyroïde et un bilan complet en cas de doute diagnostic » et, en absence d’anomalie, « la remise d’une dose d’iode préventive avec explication des consignes d’utilisation ».
« Cette consultation serait au tarif normal, indique au « Quotidien » le Dr Bernard Huynh, président de la FMF-US. Je ne demande pas de tarif particulier, l'essentiel est de médicaliser cette prise en charge et ne pas faire les mêmes erreurs que pour le Covid. Pour le moment, il n'y a pas de centrale touchée, mais gouverner c'est prévoir, il faut donc que l'État permette à chaque médecin d'avoir un stock d'iode pour sa patientèle, avec 10 % de marge. »
Coordination par le médecin traitant
Pour la FMF, c’est même une urgence, pour laquelle les spécialistes libéraux comme les « endocrinologues, échographistes, radiologues, anatomo-pathologistes et chirurgiens » peuvent apporter leur contribution indispensable. Ce dispositif devra absolument se mettre en place « sous la coordination du médecin traitant », afin d'éviter « le chaos » vécu pour le Covid.
« Retards diagnostics, absence de protections, tests ruineux et inutiles sans coordination ni prise en charge, submersion du système hospitalier, ruptures de stocks, mortalité évitable : (...) l’absence de coordination par le médecin traitant, exclu dès les premiers jours de l’épidémie et la surdité envers les remontées de terrain sont à l’évidence responsables de lourdes conséquences », analysent les spécialistes libéraux de la FMF, qui proposent de tirer les leçons des erreurs du passé. Cette fois, les médecins libéraux doivent travailler « au plus près de leurs patients », juge la branche spé, pour peu que la direction générale de la santé (DGS) leur en donne « les moyens matériels » et la consigne aux agences régionales de santé (ARS) « de reconstituer puis de livrer » les stocks d’iode en amont de crise.
En France, les comprimés d'iode ne sont pas distribués aux clients d'une pharmacie sur simple demande. Cinq campagnes de distribution ont été organisées par les pouvoirs publics depuis 1997 dans les communes situées dans un rayon de 20 km notamment autour des 19 sites nucléaires d’EDF en cas de rejet radioactif accidentel. Au-delà de ce rayon, des stocks départementaux, gérés par les préfets, pourraient être acheminés si nécessaire, selon l’ASN. Les comprimés ont une validité de sept ans, ce qui nécessite de les remplacer régulièrement.
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