LE PATIENT n’est pas la seule victime de l’erreur médicale. Souvent, le professionnel de santé trinque aussi. En silence : la France se singularise par le manque de structure pour prendre en charge les soignants en souffrance. Certains raccrochent la blouse, d’autres tombent dans une addiction, ou pire, passent à l’acte : le risque relatif de suicide est multiplié par 2,37 chez les médecins. Un suicide n’est jamais monofactoriel. Mais parfois, un incident professionnel constitue la goutte d’eau.
L’erreur médicale, ignorée à la faculté, reste un tabou. Difficile d’en parler à son malade, à ses confrères. Il y a quelques mois, une chirurgie du rachis tourne mal dans le Sud Est. Décès sur table. En panique, le praticien appelle un contact syndical. « Je l’ai rassuré pendant deux heures, et lui ai dit que c’est un risque du métier, relate le syndicaliste. Il était incapable d’en parler à ses associés. Je lui ai conseillé de photocopier le dossier, lui ai parlé de sa famille. Il était vraiment très mal. Ça l’a raccroché à la vie ».
Ce chirurgien devenu député a lui aussi connu un décès sur table : « J’ai passé des nuits difficiles et n’ai eu aucun accompagnement. Il n’existe pas de structure d’aide comme après un crash. Celui qui a un pépin reste seul ». Autre récit, celui d’un médecin qui a basculé de l’autre côté du miroir, le jour où il a été victime d’une infection nosocomiale : « Jamais le chirurgien, informé des graves conséquences sur ma santé, n’a pris de mes nouvelles. C’est tellement plus simple d’ignorer le patient, c’est une façon de se sauver ».
Les plus vulnérables décident parfois d’en finir avec la vie. Il n’existe pas de statistiques officielles sur les suicides à l’hôpital, mais certaines spécialités sont clairement plus exposées. « Avec le propofol à portée de main, l’anesthésiste qui se rate fait une faute professionnelle », grince ce toubib. Retour sur le drame qui a conduit un chef de clinique à se suicider à Montpellier, en 2010. Et coup de projecteur sur un autre suicide, celui d’une infirmière anesthésiste, le mois dernier, après une erreur transfusionnelle au CHU d’Angers.
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