Le gouvernement soigne l’électorat médical : 12 mois de reconquête

Publié le 17/12/2010
Article réservé aux abonnés
1292594659212322_IMG_50447_HR.jpg

1292594659212322_IMG_50447_HR.jpg
Crédit photo : S. toubon/« le quotidien »

EN 2009, DEUX ÉPISODES avaient creusé le fossé entre le gouvernement et la médecine de ville : d’une part la stratégie vaccinale du ministère de la Santé contre la grippe A(H1N1), écartant dans un premier temps les généralistes ; d’autre part la loi Hôpital, patients, santé et territoires(HPST) dont le versant ambulatoire, aux yeux d’une partie de la profession, consacre l’« étatisation » du système de soins. Qui plus est, deux mesures maladroites – la déclaration obligatoire de congés et le contrat santé solidarité sous peine de taxe – avaient braqué le corps médical.

En 2010, changement de discours au sommet de l’État. Alors que les syndicats s’engagent dans une guérilla tarifaire (les uns pour la cotation CS, les autres pour le C à 23 euros), l’Élysée, conscient du risque politique d’une fracture durable avec le corps médical (que montrent plusieurs sondages), reprend en main le dossier de la médecine libérale. Dans les premiers mois de 2010, Nicolas Sarkozy multiplie les déplacements « santé », au contact de professionnels de terrain, et se charge d’annoncer lui-même (en avril) le C à 23 euros et le C = CS pour le 1er janvier 2011.

Parallèlement, les missions présidentielles se succèdent pour redorer le blason de la médecine de proximité. En début d’année, Nicolas Sarkozy charge le président de l’Ordre, le Dr Michel Legmann, de proposer des mesures pour dessiner un nouveau modèle de médecine libérale ; à peine remis, ce rapport est suivi d’une concertation plus ambitieuse sur la médecine de proximité, confiée cette fois à Élisabeth Hubert. L’ancienne ministre de la Santé remettra sa volumineuse contribution (près de 200 pages) le 26 novembre. Quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy promet aux médecins libéraux un nouveau statut juridique pour les pôles et maisons de santé et esquisse une future réforme de la rémunération.

Toujours au chapitre de la reconquête, le gouvernement a pris ses distances avec les mesures – en tout cas dans le champ libéral (lire aussi page 4) - les plus décriées de la loi HPST. Au congrès de la médecine générale, en juin dernier, Roselyne Bachelot avait suspendu les déclarations d’absences et le contrat santé solidarité obligatoire. Deux dispositions qui devraient être définitivement abrogées dans le cadre d’une proposition de loi de « pacification » pilotée par le sénateur UMP Jean-Pierre Fourcade. Ce texte sera examiné en février prochain.

 CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879