« Passé en catimini à l'assemblée, l’examen du texte qui fait l'objet d'une procédure d'urgence au Sénat ne devrait pas être aussi rapide que l'espère la ministre », promettent les membres de la commission santé du MODEM à l’occasion d’une réunion publique au siège du parti.
À l'écoute des multiples contestations, François Bayrou dénonce « la caporalisation de la santé qui s'opère et défend la logique de service public et de vocation aujourd'hui mise à mal. » Une position bien accueillie par Bruno Devergie, président du syndicat des praticiens des hôpitaux publics qui clame « son ras-le-bol des idéologies. » S'il n'est pas contre une organisation territoriale de la santé, mais redoute déjà la création de nouveaux mastodontes, et la multiplication d'assistances publiques. « L’hôpital trinque des idées de réforme de toutes parts, on a mis des contrôleurs partout et on s'est peu à peu éloigné de la confiance, » regrette-t-il. Selon lui, cette réforme « qui écarte la stratégie médicale de la gouvernance verticale marquée par la rentabilité, » sonne le glas. Il estime que les travers de « cette culture du chef » sont déjà perceptibles. Dans un service de réanimation parisien, un anesthésiste affirme avoir été incité à intuber ses patients 24 heures de plus, histoire de faire rentrer plus d'argent dans les caisses de l'hôpital. Des dérives qui prendront de l'ampleur prévoit Bruno Devergie, « si on ne tord pas le cou à la logique d'hyper centralisation dont les états-majors seront nommés en conseil des ministres. » L'orthopédiste Laurent Vastel va plus loin et martèle que « l'idée du super directeur liquidateur pour régler les problèmes de l'hôpital relève d'un défaut de sincérité pure et simple. » Pierre Lévy secrétaire général de la CSMF partage cette idée et dénonce « la grande hypocrisie de ce texte » qui instaurerait notamment les sanctions pour faire face aux difficultés rencontrées dans le financement de l'assurance-maladie. « On tente de nous faire croire que le SROS ne serait pas opposable, c'est comme si un impôt n'était pas recouvrable, ce texte est miné d'arrière-pensées et nous partageons les inquiétudes des hospitaliers, » affirme Pierre Lévy qui redoute au premier chef, la fin du système conventionnel. Pour l’heure, il surveille l'examen du texte au Sénat comme le lait sur le feu, avec 400 amendements sous le bras.
Contraire au sens de l’histoire
Le MODEM en a concocté plusieurs dizaines qui seront examinés par la commission des affaires sociales, présidé rappelons-le, par le Pr Nicolas About membre du groupe union centriste, qui plus est. Le Pr François Haad, proche de François Bayrou, revient sur « la campagne de dénigrement de l'hôpital amorcée en début d’année se servant de faits divers tragiques pour faire passer l'idée que l'hôpital dysfonctionne. Il vaudrait mieux dresser aujourd’hui une analyse critique et loyale de cette fameuse T2A.» Le Modem, maintient que ce qui est en train de se produire est totalement contraire au sens de l'histoire. « Cette logique qui part d’en haut contrarie totalement le fonctionnement ascendant des agences régionales qui étaient au départ des émanations des régions. Il faut donner aux élus des régions les rennes des ARS et aussi cesser de faire croire à tout le monde que la santé doit être rentable. »
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