LES MÉDECINS « seniors », rempart contre la crise démographique ? À l’heure où les pouvoirs publics cherchent des solutions pour combattre les déserts médicaux, le SML pose ses jalons pour créer les conditions de la mobilisation des médecins quinquagénaires et sexagénaires qui envisagent de prendre leur retraite ou qui ont franchi le cap depuis moins de cinq ans. Des milliers de praticiens « compétents, qui ont la notion de service chevillée au corps, mais qui sont souvent fatigués, désabusés, en ont ras-le-bol… », argumente le Dr Christian Jeambrun, patron du SML. De la parole aux actes : le syndicat vient de créer en son sein un pôle « retraite active », accessible par e-mail (1), qui répond à trois objectifs : une « assistance » (administrative, comptable…) pour les médecins qui, à partir de 55 ans, préparent leur retraite et se heurtent à d’innombrables obstacles ; un « suivi » pour aider les jeunes retraités à organiser leur nouvelle vie ; enfin une action de « combat » syndicalafin d’obtenir un « statut » digne de ce nom du médecin retraité actif.
Vivier.
Le projet du SML n’a rien de saugrenu. La page des années « MICA », lorsqu’il s’agissait de pousser les médecins à la préretraite anticipée, a été tournée depuis un lustre… pour faire l’inverse.
Depuis 2004, un dispositif de cumul emploi/retraite permet au médecin libéral de poursuivre une activité en bénéficiant de sa pension. Le système a été assoupli et le plafond de revenus tirés de l’activité libérale (environ 32 000 euros) a été supprimé sous conditions. En trois ans (2006, 2007, 2 008), 38 % des 8 610 médecins qui ont demandé la liquidation de leur retraite se sont engagés dans un cumul emploi/retraite soit 3 275 praticiens. Le SML propose d’aller plus loin, d’autant qu’une « vague » de départs de praticiens libéraux se prépare (près de 3 000 en 2009 dont 50 % de généralistes). Autant de professionnels qui constituent un vivier de médecins pour une éventuelle activité partielle, des remplacements, des contrats salariés… « Le départ à la retraite est une décision cruciale, difficile, nombre de médecins ignorent ce qui va leur être alloué, précise le Dr Maurice Prudat, médecin généraliste, chargé du pôle retraite active au SML. Au bout d’un certain temps, beaucoup veulent revenir exercer dans une structure, faire des remplacements. On propose de leur ouvrir les yeux ».
Pension moyenne de 2 500 euros nets.
La retraite mensuelle moyenne d’un médecin libéral s’élève à 2 515 euros nets tous régimes confondus (base/complémentaire/ASV), avec des écarts (1 à 2,5). Confronté à la réalité des chiffres, nombre de professionnels sont tentés de reprendre une activité au bout de quelques mois, parfois quelques années. Commence un parcours du combattant administratif, une course contre les charges… Pour changer la donne, le SML a imaginé deux types de statut. Le premier consacrerait un médecin retraité actif (MRA) « payé à l’acte ». Avantages : une cotisation ordinale minorée, des cotisations URSSAF lissées, l’attribution de points supplémentaires de retraite au gré des nouveaux versements à la CARMF (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui), mais aussi des aménagements en matière de responsabilité professionnelle, de formation professionnelle… Le deuxième statut valoriserait le médecin retraité actif « vacataire au forfait ou salarié ». Ce médecin serait appelé à exercer par contrat (un an, cinq ans) dans les maisons de santé pluridisciplinaires, maisons de retraite ou EHPAD et bénéficierait d’une défiscalisation.
Reste l’essentiel. Le SML a élaboré son projet pour les retraités actifs en toute discrétion. Pour le rendre opérationnel, il faudra trouver des appuis au ministère de la Santé, à la CNAM, à la CARMF. Le
Dr Jeambrun se donne « six mois ». Si les pouvoirs publics ne prennent pas la balle au bond, « c’est qu’on nous raconte n’importe quoi sur les déserts médicaux ».
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