LE MYTHE du médecin infaillible a vécu. La fatalité attachée à la maladie et le respect du médecin s’évanouissent. « L’erreur médicale n’est plus acceptable. L’enjeu est maintenant de confronter les exigences de la société avec les possibilités de la médecine », résume le Dr Pierre-Yves Gallard, président de la Prévention médicale et du Sou médical, en ouverture au colloque de la MACSF qui a rassemblé plusieurs centaines de participants à Paris.
Certes, le discours des professionnels de santé s’est « normalisé », selon les termes du Dr Gallard. Les défaillances systémiques (défaut d’organisation, manque de communication...) et non l’incompétence des soignants sont incriminées. Néanmoins, « la déclaration de l’erreur est parfois ressentie comme une délation ou une sanction pouvant aller jusqu’à la judiciarisation », reconnaît le Pr André Vacheron, président honoraire de l’Académie nationale de médecine. De facto, 65 % des plaintes aboutissent aujourd’hui à une condamnation, contre seulement 33 % en 1980 et le coût de l’indemnisation a doublé en 5 ans pour atteindre 50 millions d’euros en 2011, selon les chiffres présentés par Marcel Kahn, directeur général de la MACSF.
L’indicateur-roi
Pour réduire l’éventualité de l’erreur médicale, la Haute autorité de Santé (HAS) et la direction générale de l’offre de soins (DGOS) parient sur les indicateurs de qualité. « Nous remarquons une amélioration des performances et un changement des mentalités dans les établissements de santé que nous certifions», s’est félicité le président de la HAS, Jean-Luc Harousseau. Après la check-list, le nouveau défi est de développer, au sein du programme « Clarté », un indicateur de morbi-mortalité très attendu par les associations de victimes. La DGOS avance (timidement) la date de l’été 2013. « Cet indicateur est controversé, analyse le Pr Harousseau. Il doit être pondéré selon les services ».
Mais la lutte contre l’erreur médicale ne se résume pas aux indicateurs. « Les recommandations de la HAS ne sont pas lues par les médecins », provoque l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué. Sa solution : améliorer l’accès à la connaissance grâce à un moteur de recherche spécifiquement médical.
Briser le silence
Mireille Faugère, directrice générale de l’AP-HP, mise, elle, sur le signalement des erreurs par les médecins. Ils ne sont que 6 % à déclarer les événements indésirables contre 50 % pour les infirmiers. « Il faut soutenir les équipes et leur offrir un environnement favorable pour qu’ils mènent des analyses systémiques : sans signalement, pas de progrès », explique-t-elle.
Le défi est ambitieux. Plus de 85 % des auditeurs de la session ont jugé qu’en dépit des progrès réalisés dans la lutte contre l’erreur médicale, la responsabilité des soignants est de plus en plus invoquée.
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