Obligatoire de 3 à 16 ans, l’école est un lieu d’apprentissage, d’éducation et de socialisation pour tous. Elle constitue également un lieu de vie où les élèves vont se développer aussi bien physiquement que psychiquement. À chaque étape de ce développement, ils peuvent être accompagnés par un médecin scolaire. Une profession « méconnue autour de laquelle tournent beaucoup d’idées fausses », juge Maryse Burger, présidente de l’association des médecins conseillers techniques de l’Éducation nationale (Ascomed), alors même que les médecins scolaires constituent un atout majeur tout d’abord dans la réussite scolaire des enfants mais aussi dans le domaine de la santé publique en réduisant les inégalités d’accès à la santé.
Une médecine de prévention
Car cette pratique de la médecine ne se concentre pas sur le curatif mais plutôt sur la prévention, « le repérage et le prendre soin global de l’enfant afin de garantir son bien-être », précise Stéphanie Jamier, médecin scolaire en Ille-et-Vilaine. Membres de la communauté éducative, ces médecins se trouvent à l’interface entre le monde médical et le milieu éducatif. En lien avec les personnels enseignants et les professionnels paramédicaux et médico-sociaux, ils interviennent dans les écoles, collèges et lycées de leur secteur afin de « pouvoir faire un diagnostic précoce des troubles de la santé qui peuvent entraver le développement de l’enfant, de favoriser les soins précoces et d’adapter la scolarité des enfants ayant des besoins particuliers », explique la docteure Stéphanie Jamier.
Ces dépistages se font à plusieurs niveaux que ce soit lors des visites obligatoires comme le bilan de la sixième année avant l’entrée en grande section de maternelle ou pour délivrer un avis d’aptitude aux travaux réglementés pour les élèves de lycée professionnel dans le cadre de leur formation. Hors de ces passages obligés, chaque élève peut être amené à rencontrer un médecin scolaire à tout moment de sa scolarité à sa demande, celle de ses parents ou du corps enseignant pour prendre en compte des situations particulières comme le handicap ou les maladies chroniques. Ces médecins sont aussi impliqués dans la gestion d’évènements graves, comme un suicide, ou l’apparition de maladies infectieuses.
La médecine en milieu scolaire
Ces experts en santé au sein de l’Éducation nationale sont recrutés par concours. Ils suivent une année de formation en alternance à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et en poste sur leur secteur d’activité. « C’est une formation individualisée, précise Emmanuelle Godeau, responsable de formation à l’EHESP. Cela signifie que le contenu de leur formation est défini en fonction de leur parcours, leur spécialité ou les diplômes et compétences acquis auparavant dans leur exercice professionnel ». L’objectif est de leur enseigner les spécificités de l’exercice de la médecine en milieu scolaire, différent de l’hôpital, et qui ne sont pas enseignées dans les facultés de médecine.
Cet enseignement est centré autour de dix compétences, définies avec un groupe de médecins scolaires expérimentés, et fondamentales à l’exercice de ces experts de la santé des enfants et des adolescents en milieu scolaire. Il s’agit d’acquérir des savoir-faire propres à l’approche individuelle de la santé des élèves comme apprendre à communiquer avec des adolescents ou avec leurs parents et dépister les troubles des apprentissages Ils sont aussi formés à une approche populationnelle afin d’interagir et dialoguer avec la communauté éducative qu’ils vont conseiller ou former sur le bien-être des élèves et l’école comme environnement favorable à leur santé, ainsi qu’à la démarche de projet en promotion de la santé.
Promouvoir la santé
Ce dernier axe vise à les faire « changer de paradigme professionnel passant du soin à la prévention, de l’environnement clinique à celui de l’École, d’une approche individuelle à une approche collective », indique Emmanuelle Godeau. Les médecins scolaires, une fois en poste, possèdent alors les connaissances nécessaires pour sensibiliser les élèves aux problématiques liées à la santé, tant dans une perspective d’éducation que de surveillance de l’environnement scolaire. En s’adressant à tous les élèves, ces projets donnent aux médecins de l’Éducation nationale une place unique dans la lutte contre les inégalités d’accès à la santé.
De nombreux défis que le corps médical de l’Éducation nationale peine néanmoins à relever. Un rapport de la Cour des comptes en 2020 pointait les performances « très médiocres » de la médecine scolaire. Une situation dénoncée depuis des années et due notamment au manque d’effectif des médecins scolaires qui a des conséquences sur les missions de ces médecins. « Aujourd’hui, nous ne voyons pas tous les élèves soumis au bilan obligatoire de 6e année », regrette Maryse Burger. Face à ce constat, un amendement adopté dans le cadre du projet de loi de finance 2021 allouait 15 millions d’euros supplémentaires à la médecine scolaire. Une première étape pour redonner de l’attractivité à cette profession essentielle.
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