LES MÉDECINS PIONNIERS des cabinets de groupe d’Ile-de-France s’apprêtent à tirer leur révérence. À bientôt 60 ans, le Dr Jacques Samson, ORL à Noisy-Le-Grand (Seine-Saint-Denis), fait partie de ces papy boomers inquiets pour la pérennité de son groupe, créé en 1989 avec neuf confrères. « Nous sommes de la même génération et nous risquons d’ici à trois ans de n’être plus que quatre si nous ne trouvons pas de solutions », explique le spécialiste. Le cabinet de groupe est constitué en SCM et les praticiens sont propriétaires des murs de leur cabinet en société civile immobilière (SCI). « À l’époque, on pensait que les jeunes reprendraient le cabinet et rachèteraient notre clientèle », déclare le Dr Samson. Ce temps est révolu. « Tous refusent de s’engager quand ils voient les 2 000 à 3 000 euros de frais mensuels (essentiellement pour le salaire des secrétaires et de la femme de ménage, NDLR) ». Des candidats plus âgés envisageaient de finir leur carrière dans le cabinet. Ils ont abandonné le projet et trouvé un poste de salarié. « Cette situation commence à être difficile à vivre, reconnaît le Dr Samson. Cela crée des tensions, notre SCI risque d’exploser ». Deux options sont envisagées : « soit on reste à 4 en réduisant les charges et en espérant trouver des successeurs, soit on ferme le cabinet dans 3 ans pour ne pas se retrouver avec la patate chaude du licenciement du personnel ».
Aménager les SCI.
À Courbevoie, le Dr Philippe Renard est confronté à la même problématique. Le cabinet dans lequel il exerce est « le premier groupe de médecins spécialistes créé en France au début des années 1970 », affirme le rhumatologue. Ils sont 19 professionnels à exercer dans 760 m2. En 2000, un ORL et un gastroentérologue sont partis sans trouver de successeurs. En 2008, après de nouveaux départs, les professionnels ne sont plus que 14. « Nous avons racheté la part de SCI des anciens propriétaires et nous avons réussi à recruter un cardiologue, un ophtalmo, un ORL, et un pédiatre et un ostéopathe de moins de 40 ans pour nous retrouver à nouveau à 19 », explique le Dr Renard. Pour recruter, les propriétaires ont dû assouplir les règles d’entrée dans la SCI. « Nous n’avons pas fait payer aux nouvelles recrues la totalité des charges pendant deux ans », explique le Dr Renard. Avec ces recrutements, le cabinet s’est rajeuni. Mais de nouveaux départs sont attendus.
Le cabinet médical de Melun partage ces difficultés. Remplacer les praticiens qui partent est un défi permanent. « Les jeunes médecins ont pléthore d’offres et hésitent à s’installer en libéral, affirme le Dr Jean-Marie Crouzy, généraliste. Nous sommes obligés de nous retrousser les manches pour sortir de l’ornière ». Le cabinet fondé en 1972 multiplie les petites annonces, les contacts avec l’Ordre et les professionnels de Melun et du secteur. « Il faudrait un signal fort pour encourager l’installation en libéral », souligne le Dr Crouzy.
Les trois médecins participeront samedi à la réunion du groupe des 1000 pour tenter de trouver des remèdes et prolonger l’espérance de vie de leur cabinet de groupe.
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