Si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi. C’est un peu la philosophie du projet que le Pr Guy Vallancien, chirurgien, membre de la mission « maisons de santé et banlieue » (1) veut développer . Il s’agit, dans son esprit, de faciliter le déplacement des médecins dans des zones peu favorisées.
L’idée est toute simple, explique en substance Guy Vallancien. Dans les zones rurales identifiées comme sous-médicalisées, il s’agit de mettre à la disposition des médecins y exerçant un véhicule, type camping-car, pour faire la tournée des villages et lieux de vie les plus reculés. « Les boulangers et les bouchers le font bien, fait remarquer Guy Vallancien , pourquoi ne pas permettre aux médecins d’en faire autant » ?
Un camping-car expérimental, dont le coût total, aménagements compris, devrait tourner autour de 120 000 euros, sera présenté lors du congrès de La Mutualité (partenaire de l’opération) qui s’ouvre jeudi à Bordeaux , puis inauguré fin juin à Saint-Quentin dans l’Aisne (2).
Ces véhicules seront constitués de deux petits cabinets de consultation, l’un pour un médecin, l’autre pour un infirmier ou tout autre professionnel de santé, et seront équipés, outre les habituels outils de diagnostic, d’un système satellitaire pour faciliter d’éventuelles transmissions et télédiagnostics. « Nous démarrerons dans l’Aisne à partir de fin juin avec des infirmières formées à la prévention et au dépistage, indique encore Guy Vallancien, et si tout se passe bien, ces camions seront ensuite confiés à des internes en médecine générale ».
Ensuite, si l’expérience s’avère concluante, il restera à généraliser l’opération en incitant notamment les maisons de santé à s’en équiper. « Les organismes qui participent au financement de cette expérimentation s’impliquent également dans les maisons de santé », précise Guy Vallancien. Dans son esprit, et même si cet aspect du dossier ne semble pas encore totalement ficelé, ces organismes pourraient donc aider les maisons de santé à s’équiper de ces cabinets mobiles. Une chose semble sûre cependant, c’est que les communes, qui se battent parfois entre elles pour que les projets de maisons de santé s’installent sur leur territoire communal, et non sur celui d’une commune avoisinante, verraient sans doute d’un bon il un tel projet. Il reste que le projet demande à être précisé et peaufiné, ce que la prochaine expérimentation va sans doute rendre possible. « Nous avons les briques, conclut à ce sujet Guy Vallancien, il ne nous manque plus que le ciment ».
Des médecins dubitatifs.
A ce sujet, les réactions des médecins impliqués dans les maisons de santé semblent confirmer cette nécessité d’affiner encore le projet. Le Dr Patrick Vuattoux, président de la Fédération des maisons de santé comtoises (FEMASAC) ne dit « pas non à ce projet, mais à condition de bien réaliser le diagnostic de territoire avant toute chose, et de bien mesurer les besoins populationnels et les souhaits des professionnels de santé qui travaillent sur le territoire. Rien ne serait pire que de faire abstraction de l’offre de soins existante ». Et dans les pays de la Loire, où il est l’un des plus actifs promoteurs des pôles de santé, le Dr Luc Duquesnel reste lui aussi sur sa faim. « Ce type d’initiative plaît beaucoup aux politiques en termes d’affichage, indique-t-il, cependant l’important n’est pas de mettre des cabinets itinérants partout, mais de définir en amont un projet de santé territorial, dans lequel s’inscrit ou non ce type d’équipement. Il faut également que ça soit fait en coopération avec l’ensemble des professionnels de santé du territoire ». Pour Luc Duquesnel, « il faut faire attention à ces idées qui paraissent si séduisantes qu’on veut parfois les mettre en uvre à toute force ».
(1) La mission « maisons de santé et banlieue » est lancée par trois ministres : Roselyne Bachelot, pour la Santé, Fadela Amara, pour la Politique de la ville, et Hubert Falco popur l’Aménagement du territoire.
(2) : Outre La Mutualité, cette expérimentation est financée par la MSA, le conseil régional et l’ARH (Agence régionale de l’hospitalisation) de Picardie.
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