Le rapport Hubert remis vendredi à l’Élysée

Une « feuille de route » pour le nouveau ministre de la Santé

Publié le 22/11/2010
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Crédit photo : S TOUBON

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Crédit photo : S Toubon

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Crédit photo : S Toubon

CONSCIENTE des attentes que suscite le rapport que lui a commandé en avril Nicolas Sarkozy pour répondre au malaise de la médecine libérale, Élisabeth Hubert ne s’en montre pas moins d’humeur taquine. Invitée à la Conférence Économie Santé (1) pour débattre de l’accès aux soins, l’ancienne ministre a brandi devant l’auditoire le mémoire de 200 pages qu’elle doit remettre vendredi au chef de l’État. « Il est là, j’ai fini d’écrire ce rapport depuis peu mais vous ne l’aurez pas tout de suite, a-t-elle confié dans un sourire. Ce sera un élément important de la feuille du route du nouveau ministère de la Santé. » Sans rentrer dans le détail de toutes les mesures qu’elle préconise, la présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD) indique que son rapport est composé de trois volets. Le premier concerne la formation, le deuxième porte sur la coopération entre les professionnels de santé et le troisième sur les nouveaux modes de rémunération.

Élisabeth Hubert affirme que des mesures structurelles doivent être prises immédiatement mais que nombre d’entre elles auront un effet à moyen ou à long terme. « La formation que nous délivrions en 1958 dans les facultés de médecine n’est plus celle qu’il convient de dispenser en 2010. Elle est trop spécialisée, centrée sur l’hôpital et cela concourt à la désaffection de la médecine générale ». Élisabeth Hubert a par ailleurs indiqué que les épreuves classantes nationales (ECN) n’étaient pas « en adéquation avec les besoins ». « Un interne de Marseille reçu à Amiens n’y va pas de gaieté de cœur et repart dans le sud dès la fin de son internat », a-t-elle ajouté. Alors que plusieurs spécialités réclament un allongement d’un an de la durée de leur internat à l’instar de la médecine générale, l’ancienne ministre de la Santé se déclare circonspecte : « Si l’internat de médecine générale passait à 4 ans, il faudrait se poser la question de diminuer d’un an le deuxième cycle. »

Élisabeth Hubert souligne la nécessité de renforcer la téléformation et la télémédecine. « La France est en retard dans ce domaine », indique-t-elle avant de préconiser « un grand plan d’informatisation qui ne coûte pas aux professionnels de santé ». « Le DMP [dossier médical personnel] ne prévoit pas de volet médical de synthèse sur l’état du patient et je pense que c’est une erreur », affirme-t-elle. Elle ajoute que la mise en place d’une messagerie sécurisée serait indispensable ainsi que l’interopérabilité des logiciels médicaux.

Parmi les enjeux pour l’avenir du système de santé, Élisabeth Hubert pointe la nécessité de « renforcer les coopérations entre les professionnels de santé ». « Je sais qu’il existe des réticences des médecins qui s’inquiètent de se voir retirer une partie de leur métier pour le confier à d’autres professionnels, a lancé la présidente de la FNEHAD. Je comprends ces réticences mais l’objectif est de tirer tous les acteurs vers le haut ». Cette coopération pourrait s’exercer dans les maisons et pôles de santé pluridisciplinaires qu’Élisabeth Hubert appelle à accompagner avec les guichets uniques à l’installation.

Paiement à 3 étages.

Enfin, l’ancien médecin généraliste se dit partisane de l’élaboration d’une rémunération en trois niveaux. Le paiement à l’acte resterait le premier niveau de consultation pour les actes simples. Le deuxième niveau comprendrait une forfaitisation pour les soins coordonnés. Enfin, un troisième niveau permettrait de rémunérer la structure où les soins sont dispensés. « La rémunération actuelle est complexe avec de multiples majorations, a indiqué Élisabeth Hubert. Je défends une CCAM [classification commune des actes médicaux] clinique avec une grille de tarifs simple. 

L’auteure du rapport affirme par ailleurs que le domaine de la convention doit rester national mais « le périmètre de l’assurance-maladie devenir régional », symbolisé par la contractualisation entre les agences régionales de santé (ARS) et les professionnels concernés. Élisabeth Hubert défend par ailleurs « les aides à l’installation, une protection sociale pour les femmes médecins, une meilleure organisation de la permanence des soins ». « Il faut inciter les jeunes à s’installer en libéral mais aussi accompagner des praticiens qui n’ont aucune raison de le faire pour qu’ils se regroupent, plaide-t-elle. Il faut dédramatiser un exercice qui est devenu une source d’inquiétude. »

L’ancienne ministre a conclu son intervention en présentant plusieurs autres pistestelles quedes incitations financières : « Pourquoi ne pas faire appel aux médecins retraités, aux remplaçants ou aux internes qui ont fini leur cursus en leur demandant un temps de remplacement dans des territoires en difficulté ? »

Présents à la Conférence Économie Santé, les Drs Michel Chassang, président de la CSMF, et Claude Leicher, président de MG-France, ont semblé en accord avec les premières propositions d’Élisabeth Hubert. Ils ont toutefois réservé leurs commentaires, attendant de connaître l’intégralité de son rapport.

(1) Le forum Économie Santé est organisé par « les Échos » et « le Quotidien du Médecin ».

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 8860