Les laboratoires de biologie médicale persistent et signent. Après avoir lancé une grève de Mon Espace santé puis de Si-dep il y a deux semaines pour protester contre les économies qui leur sont demandées, l'Alliance de la biologie médicale (ABM*) appelle désormais à un mouvement dur à partir du 14 novembre, reconductible.
Visés par une économie de 250 millions dans le prochain budget de la Sécu, les représentants des biologistes et des laboratoires assurent « partager l’objectif du gouvernement de mieux maîtriser les dépenses de santé », mais demandent depuis le départ que l'effort porte « uniquement sur les actes Covid et sur la seule année 2023 ».
Or, après plusieurs rendez-vous « infructueux » avec la Cnam, les membres de l'ABM estiment qu'ils sont face « à un mur ». Selon eux, le directeur général de la Cnam Thomas Fatôme a « fermé hier la porte à toute négociation ». « Le rabot qu’il entend imposer à notre profession portera effectivement sur 2023, 2024, 2025 et 2026, tempête le secteur de la biologie médicale, avec une nouvelle proposition plus salée encore que celle envisagée initialement (...) ! »
« Folie austéritaire »
Selon l'ABM, la Cnam réclame 1,276 milliard d’euros d’économies sur la biologie médicale, répartis sur quatre ans. Finalement, l’addition pour 2023 serait de 280 millions d’euros, puis de 332 millions en 2024, et pour les deux années suivantes. « Ce n’est rien de moins qu’un projet d’asphyxie programmé de la biologie médicale que prévoit la Cnam », tonnent les labos, qui rappellent leur mobilisation dans la lutte contre le Covid depuis le début de la pandémie.
« Ces décisions auront des conséquences néfastes à la fois sur la santé des Français et sur l’emploi local, ajoutent-ils. Cette politique de rabot aveugle provoquera la fermeture de laboratoires de proximité, particulièrement dans les zones rurales et les déserts médicaux, et augmentera les inégalités d’accès à la santé. »
Braun et la Cnam recadrent
Face « à la folie austéritaire de la Cnam», ils en appellent aux ministres de la Santé François Braun et du Budget Gabriel Attal. Pas sûr que ces derniers compatissent au sort des laboratoires. Il y a une dizaine de jours déjà, François Braun avait dénoncé « la prise en otage » des patients liée à la grève de Sidep. « Avec un excédent brut d'exploitation de plus de trois milliards d'euros, je pense qu'ils peuvent faire un effort de 250 millions d'euros, a réitéré le ministre de la Santé mardi matin lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). Les discussions ont été interrompues pendant une semaine à cause de leur attitude que j'ai qualifiée d'inacceptable de bloquer les remontées sur Si-dep. Nous sommes d'accord sur la cible, les discussions peuvent reprendre sur la manière d'y arriver entre l'ajustement du B et une part sur les profits liés au Covid ». Quant à Gabriel Attal, il « assume » l'effort demandé aux laboratoires, qui ont réalisé des marges « de 18 à 26 % » ces deux dernières années.
La Cnam a, de son côté, déploré mardi après-midi par voie de communiqué de presse l'appel à la grève des représentants des biologistes libéraux, rappelant ses dernières propositions. « Si le quantum d’économies demandées en 2023 est resté le même entre les deux dernières propositions, l'Assurance-maladie a proposé pour l’année 2023 de répartir les économies à réaliser sur la biologie médicale entre les actes classiques (180 millions d'euros au travers notamment d’une baisse d’un centime de la valeur du B) et ceux en lien avec le COVID 19 (70 millions d'euros) comme le demandaient les représentants des biologistes libéraux » écrit-elle. Elle a aussi proposé pour les prochaines années de conserver la logique de régulation pratiquée entre 2014 et 2022 à travers la définition d’une trajectoire garantissant les dépenses de biologie médicale.
* Qui regroupe les principaux groupes de laboratoires (Biogroup, Cerba Healthcare, Eurofins, Inovie, Synlab et les Biologistes indépendants) et les syndicats de biologistes (SdBio, Les Biologistes médicaux, SLBC, SNMB).
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