« Les médecins sont des travailleurs passionnés, mais qui souffrent », lance, émue, la Dr Christelle Audigier. Fondatrice du collectif « Médecins pour demain » créé en septembre dernier, la généraliste lyonnaise a convié la presse ce mercredi pour présenter les solutions proposées par le groupe qui fédère plus de 15 000 libéraux. Des solutions « de terrain » construites en ligne, pour remédier « au danger dans lequel est la profession », détaille Christelle Audigier.
Proposition phare, qui a fait descendre dans la rue quelques centaines de confrères le 1er décembre dernier : la revalorisation du C à 50 euros, assortie « d’une revalorisation pour toutes les spécialités qui ont des consultations longues et complexes, comme les psychiatres, les rhumatologues ou encore les pédiatres », détaille la généraliste. Les membres du collectif souhaitent également voir passer la visite longue à 80 euros.
« C’est les soldes toute l’année chez le médecin ! »
Alors que le collectif appelle à une grève reconductible des cabinets libéraux entre le 26 décembre et le 2 janvier, le mouvement né des réseaux sociaux « refuse catégoriquement le forfait structure et la Rosp, qui n’ont aucune utilité prouvée », martèle le Dr Sylvain Gonzalez, généraliste et médecin du sommeil à Metz. Le groupe veut ainsi partir en guerre contre tous les forfaits, « sources d’insécurité financière pour le médecin qui a du mal à se projeter, à savoir s’il peut embaucher », abonde la Dr Noëlle Cariclet, psychiatre en Seine-et-Marne, également membre du collectif.
Convaincus que les revalorisations financières vont booster l’attractivité de la médecine libérale, les 15 000 « Médecins pour demain » ont également voté en faveur du cumul des actes. Car pour l'heure, « le deuxième acte est à moitié prix, le troisième est gratuit… C’est les soldes toute l’année chez le médecin ! », résume amèrement la Dr Audigier, qui souhaite aussi ouvrir la possibilité de coter à la fois une consultation et un acte.
Lutter contre les lapins
« En cumulant les actes, ça éviterait de faire déplacer deux fois le patient, des créneaux pourront se libérer au cabinet », imagine le Dr Gonzalez, pour qui la réduction des tâches administratives est une priorité. À ce titre, le collectif souhaite que les patients déclarent eux-mêmes leurs arrêts de travail de moins de trois jours en ligne, mais aussi que les rendez-vous non honorés soient pénalisés. Une pratique « intolérable » et « délétère » pour le groupe, qui espère des sanctions financières pour les patients poseurs de lapins. Autre gain de temps précieux proposé par le mouvement : permettre la transmission électronique des feuilles de soins dégradées.
Les 15 000 confrères - « des jeunes » surtout - « ont tous comme leitmotiv l’accès aux soins pour tous », tient à souligner la présidente du collectif. Ils entendent à cet égard aider les patients en ALD ou en situation de handicap à trouver un médecin traitant, ou encore « relancer la médecine foraine pour permettre des déplacements ponctuels vers les déserts », détaille le Dr Marc Ferrand, généraliste dans l’Aveyron et membre du collectif.
« Sauver la médecine libérale »
Présents auprès des « Médecins pour demain », la Fédération des médecins de France (FMF), le Syndicat des médecins libéraux (SML), l’Union française pour une médecine libre (UFML) et Jeunes Médecins ont été totalement conquis par les propositions du groupe Facebook. « Nous sommes au service de ces médecins de terrain », a fait savoir la Dr Sophie Bauer, fraîchement élue à la tête du SML.
« Les demandes du collectif sont exactement les mêmes que les nôtres », a abondé la Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF, qui souhaite que « le gouvernement comprenne dans quelle misère sont les médecins, nous sommes saignés ». Président de l’UFML, le Dr Jérôme Marty prédit pour sa part un mouvement « long et dur ». « Nous sommes partis pour un marathon car nous avons une prétention élevée : sauver la médecine libérale », avertit le généraliste de Fronton.
Avec les propositions de ses 15 000 confrères, Christelle Audigier aspire en tout cas à peser dans la balance des négociations conventionnelles. « Nous allons fermer une semaine en espérant que la magie de Noël aboutisse à une convention juste, en accord avec les besoins réels des libéraux », espère la généraliste.
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