Un C à 50 euros en 2027 qui intègre forfaits, Rosp et subventions : les calculs du Dr Marty (UFML-S) pour « sauver » la médecine libérale

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Publié le 02/02/2023
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Crédit photo : S.Toubon

Quelques heures avant de reprendre les séances de négociation bilatérale avec l’Assurance-maladie, le président de l’Union française pour une médecine libre (UFML-Syndicat), Jérôme Marty, a présenté à la presse ses contre-propositions face à « l’effondrement de la médecine libérale ».

Alors que la Cnam a avancé ces dernières heures une proposition de revalorisation de la consultation de base à 26,50 euros (hors contrat d'engagement territorial), le généraliste de Fronton a défendu pour sa part une consultation de référence à 50 euros, gage selon lui d'une « médecine de qualité ». Mais ce tarif cible devra être atteint de manière « progressive, jusqu’en 2027 », en indexant la consultation sur l’inflation, imagine le Dr Marty.

Face à un « modèle stakhanoviste » qui enferme les libéraux dans une logique de « maximisation du nombre d’actes », et face à des forfaits « qui paupérisent la médecine », l’UFML enjoint la Cnam à mettre en place ce « choc d’attractivité ». Avec une solution trouvée consistant à intégrer les forfaits actuels, la rémunération sur objectifs (Rosp) et les autres subventions dans la valeur de l’acte fortement revalorisé (une idée aussi avancée par le collectif « Médecins pour demain »).

Une enveloppe comprise entre 1,2 et 3 milliards d'euros

« Nous souhaitons inclure dans l'acte toutes les subventions actuelles : assistants médicaux, dispositifs d'appui à la coordination, forfait structure… Mais aussi la Rosp, qui correspondrait à elle seule à 1,30 euro en plus par acte », détaille le Dr Marty. « Les forfaits doivent correspondre à une prestation clairement identifiée et qui a fait preuve de son efficacité, tout l’inverse de la Rosp qui est une usine à gaz ! », martèle le généraliste.

L’UFML-S chiffre à un milliard d’euros l’enveloppe liée aux divers « contrats, forfaits et assimilés ». Une somme qui pourrait être injectée directement dans le budget alloué à la consultation de référence. Le syndicat a fait ses calculs. « La progression vers 50 euros de la valeur moyenne de l’acte en médecine générale correspond à une dépense additionnelle de trois milliards d’euros en 2027, mais si on décide d’y intégrer les dépenses actuelles liées aux contrats, forfaits et assimilés, elles se chiffrent seulement à 1,2 milliard pour 2027 ». « Ce n’est pas une dépense excessive pour l’État ! », plaide Jérôme Marty.

Seul forfait valable aux yeux de l’UFML, le forfait patientèle médecin traitant (FPMT). Il devra être conservé car il est le « meilleur levier pour augmenter sa patientèle », salue le Dr Marty. Mais avec quelque 72 000 médecins traitants concernés en 2021, pour une enveloppe moyenne de 3 474 euros annuels, « son montant est dérisoire ». L’UFML propose à la Cnam de doubler ce forfait médecin traitant et d’y ajouter une prime de 50 % pour tout médecin qui accepterait des patients issus d’un désert médical.

50 euros, gages de qualité

Convaincu que la profession subit « une négation de la valeur de l’acte médical », au regard de la moyenne européenne, le président de l’UFML affirme qu'un tarif 50 euros serait un gage de qualité, en intégrant des objectifs lisibles. « En plus du soin, nous souhaitons y mettre de la prévention et du numérique », précise-t-il. En contrepartie, il invite la caisse à « définir un temps de consultation mais aussi des indicateurs sur la prévention ou les usages numériques, surveillés par l’Assurance-maladie et soumis à une clause de revoyure ».

Ces améliorations devront cibler deux objectifs : la prise en charge des patients en ALD et des addictions. Là encore, le Dr Marty a fait ses comptes. « Pour atteindre l’investissement financier lié au C à 50 euros, on doit faire baisser les dépenses liées aux ALD et aux addictions de l’ordre de 0,8 à 2 % ». Un objectif atteignable, selon lui, en intégrant la prévention et le numérique dans les consultations de médecine générale.

Les actes simples, ça n'existe pas 

Mais comment s'assurer que les confrères s’engagent dans une démarche qualité ? En « contractualisant » le soin avec le patient, « en lui donnant les différentes étapes de la consultation qui seront traçables par l’Assurance-maladie », assure Jérôme Marty. Ce « choc de simplification » entend battre en brèche les quatre niveaux tarifaires envisagés par la Cnam (en fonction du contenu des consultations et de leur complexité). « On ne veut pas en entendre parler, ça ne correspond pas à la réalité du terrain », recadre le généraliste, qui, en 25 ans de métier « ne sait toujours pas ce qu’est un acte simple »


Source : lequotidiendumedecin.fr