Alors que l’exécutif a durci le ton face aux médecins grévistes, les libéraux maintiennent la pression pour réclamer la hausse de leurs honoraires. Ce jeudi à partir de 13 heures, généralistes et spécialistes de toute la France sont attendus devant le Panthéon à Paris, pour une manifestation nationale à l’initiative du collectif « Médecins pour demain ».
Né en septembre à l’aube de l’ouverture des négociations conventionnelles, le groupe Facebook – qui fédère désormais 16 000 praticiens – appelle à s’élancer ce 5 janvier en direction du ministère de la Santé, pour « sauver la médecine de demain ».
Une délégation reçue par Braun
Ce mouvement parti de la base pourra compter ce jeudi sur le soutien de trois syndicats représentatifs. Rendez-vous est pris du côté du SML qui incite les confrères à se mobiliser et « sera présent en force ». La Fédération des médecins de France (FMF) battra elle aussi le pavé pour défendre « la médecine libérale tant qu’il reste un peu d’espoir de ne pas la voir disparaître ».
Président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), le Dr Jérôme Marty sera lui aussi devant le Panthéon et appelle ses troupes à « marcher sur le ministère de la Santé ». À 14 heures, une délégation de six médecins devrait être reçue par François Braun. Mais le généraliste de Fronton « n’espère rien » de cette rencontre, car « Emmanuel Macron doit faire des annonces vendredi au monde de la santé ». De fait, Jérôme Marty anticipe déjà des mesures de « bricolage ». « Ils vont nous ressortir la carte des assistants médicaux ou des IPA, mais le bateau est à la dérive », regrette-t-il.
Interrogée par « Le Quotidien » lundi, la présidente du collectif, la Dr Christelle Audigier anticipait « une forte mobilisation des confrères cette semaine ». Dans les cortèges, les manifestants en grève depuis le 26 décembre défendront notamment la revalorisation de la consultation de base à 50 euros. « Médecins pour demain » réclamera également à François Braun la fin des forfaits, la baisse des charges administratives ou la possibilité de cumuler certains actes.
La CSMF n'y va pas…
Dans les rues parisiennes, trois syndicats représentatifs manqueront à l'appel ce jeudi. S'ils partagent la colère de leurs confrères, la CSMF, MG France et Avenir Spé-Le Bloc n'appellent pas à manifester, jugeant cette grève prématurée ou malvenue. D'autant que le mot d'ordre de la consultation à 50 euros a, pour certains, du mal à passer.
« Notre syndicat ne demande pas le doublement du tarif de la consultation car cela ne met pas en avant le rôle du médecin traitant », confirme la Dr Sylvaine Le Liboux, secrétaire générale des Généralistes-CSMF. « Nous nous battons davantage pour avoir une hiérarchisation des consultations avec un acte de base à 30 euros, un suivi des patients polypathologiques à 60 euros », insiste la généraliste de l’Indre.
… MG France non plus
Pour autant, la branche généraliste de la CSMF n’entend pas rester les bras croisés. Depuis décembre, le syndicat a initié un mouvement de grève de la PDS-A le samedi matin. Désormais, « il y a une vraie volonté des généralistes d’amplifier le mouvement », met en garde le Dr Luc Duquesnel, président du syndicat. Le généraliste de Mayenne prévient : « Si les séances de négociations bilatérales avec la Cnam de la semaine prochaine ne répondent pas à nos attentes, nous allons vers des actions importantes mais qui ne seront pas une fermeture des cabinets ». Le 13 janvier, le comité directeur des Généralistes-CSMF devrait décider – ou non – de poursuivre la grève du samedi matin.
Présidente de MG France, la Dr Agnès Giannotti attend elle aussi la suite des négociations avec l’Assurance-maladie pour durcir le mouvement. Si elle n’appelle pas non plus à manifester demain, la généraliste parisienne souhaite « maintenir les vendredis de la colère », initiés fin novembre. « Nous ne sommes pas calmés du tout ! Et ce n’est pas dit que l’on n’appelle pas à la grève par la suite, pour faire face à toutes les contraintes qui pèsent sur la profession », avertit-elle, citant la régulation de l’installation ou la proposition de loi de Stéphanie Rist.
Les patients disent non
Ce mercredi, le syndicat de jeunes généralistes installés et remplaçants a pris position contre la consultation à 50 euros. Pour Reagjir, la requête de « Médecins pour demain » ne semble « pas judicieuse, au moment où nombre de Français connaissent déjà de grandes difficultés financières et d'accès aux soins ». En contrepartie, les jeunes souhaiteraient plutôt mettre fin au « faux besoins administratifs », comme les arrêts de travail de courte durée ou les certificats médicaux abusifs.
Alors que la Dr Christelle Audigier a invité lundi les patients à rejoindre le cortège, France Assos Santé ne voit pas non plus d’un bon œil cette grève et le doublement du tarif de la consultation. Ce 3 janvier, l’association représentative des usagers de santé a dénoncé des revendications qui « ne sauraient améliorer l’offre de soins et inciter à l’installation dans les zones dites déserts sanitaires ». « Continuer année après année à se battre uniquement sur la revalorisation des actes de consultation sans considérer les besoins de réorganisation d’une offre de soins de proximité de premier recours risque d’aggraver la paupérisation des médecins généralistes du secteur I et la désaffection du métier », recadre France Assos Santé. Elle réclame une rémunération mixte pour les médecins qui allierait capitation et paiement à l’acte « en juste proportion ».
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