La Guadeloupe en proie à la pénurie médicale, l’ARS propose jusqu’à 60 000 euros d’aides à l‘installation

Publié le 23/03/2022

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Classée au 4e rang des régions françaises ayant les densités de généralistes libéraux les plus faibles, la Guadeloupe est un désert médical, selon l'Observatoire régional de la santé en Guadeloupe (Orsag) avec 87 praticiens pour 100 000 habitants contre 99 dans l’Hexagone.

Certains territoires se trouvent totalement désertés, comme l’île de la Désirade, 1 500 habitants. « Depuis le mois de janvier, il n'y a plus de médecin sur l'île de la Désirade et la population rencontre une forte difficulté d'accès aux soins », soulignent l'ARS Guadeloupe, l'Union régionale des praticiens de santé et la Sécurité sociale, dans un courrier d'appel au volontariat des médecins, diffusé début mars sur les réseaux sociaux.

Pour attirer les praticiens, l'ARS promet un contrat d'aide à l'installation « majoré pour La Désirade, jusqu'à 60 000 euros », ou encore, comme partout sur le territoire, « un contrat de début d'exercice qui offre un revenu minimum garanti pouvant aller jusqu'à 11 000 euros par mois » (dans les territoires ultramarins), s'il s'agit de la première année d'exercice, mais aussi des avantages fiscaux.

Des patients qui viennent de loin

La petite île antillaise n'est pas la seule zone de l'archipel en pénurie de médecins. « Nous avons un vrai déséquilibre territorial en matière d'accès aux soins », note Jean-Claude Lucina, ancien directeur des soins de l'ARS Guadeloupe. En effet, si les gros bassins de population, d'activité économique et touristique ne manquent pas de praticiens, les Grands Fonds, le Nord Basse-Terre, ou certaines communes de la Côte-sous-le-Vent sont moins pourvues. « Parfois, nous avons des patients qui viennent de loin », indique le Dr Aurélien Collignon, généraliste à Petit-Bourg, commune centrale de l'île, installé depuis 10 ans. « La vie quotidienne sur une île, c'est plus compliqué que sur un continent, cela peut rebuter les velléités d'installations », imagine Jean-Claude Lucina.

La Guadeloupe se classe également au 7e rang pour les spécialistes installés en libéral, selon l'Orsag, avec 68 spécialistes pour 100 000 habitants, contre 94 en métropole. Les praticiens sont de plus en plus âgés sur l'archipel : 63 % des spécialistes libéraux avaient plus de 55 ans en 2021.

En matière de gynécologie, même si la Guadeloupe est un peu mieux lotie que l'Hexagone (12,9/100 000 habitants, contre 11,6 en France métropolitaine), le territoire n'a plus que trois maternités dont une seule de niveau 3. « Lorsqu'en 2012, la maternité de Marie-Galante a fermé, les femmes ont dû venir accoucher en Guadeloupe », raconte Francelise Nadessin, sage-femme coordinatrice du réseau Périnat qui organise l'hébergement en Guadeloupe des parturientes des îles durant la fin de la grossesse. « Chaque année, cela concerne 60 à 70 personnes qui viennent des îles du Sud, mais aussi de Saint-Martin, notamment les femmes avec des grossesses à risque », ajoute-t-elle. Sur l'île de Marie-Galante, un gynécologue se déplace toutes les semaines pour assurer les consultations.

Nouvelle fac 

Pour combler la pénurie, la Guadeloupe mise désormais sur les maisons de santé, qui se développent dans les communes pour attirer et fidéliser les médecins. Elle compte aussi sur une faculté de médecine annoncée par le gouvernement le 17 mars et qui doit « contribuer à améliorer la démographie médicale aux Antilles-Guyane », en apportant un cycle de formation complet. 

Imaginée depuis des années, l’annonce est encore loin de faire l’unanimité. Un collectif d'étudiants en médecine et de parents s'est déjà constitué pour dénoncer une « obligation d'effectuer leur 2e cycle localement », redoutant que « la désorganisation de l'Université des Antilles et les problèmes structurels des CHU » de Guadeloupe et Martinique « impactent lourdement la qualité de leur formation », écrit le collectif, créé depuis deux jours sur Twitter.

L.G. (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr