Le taux de participation historiquement bas (22,6 % tous collèges) aux dernières élections professionnelles en médecine libérale (URPS 2021) témoigne de la crise traversée par le syndicalisme médical représentatif. Pour les centrales concernées, il s'agit d'un signal préoccupant, qui invite à une remise en question sur la forme et le fond. D'autant que d'autres professions ont mieux voté – comme les pharmaciens (47 %) et les dentistes (42,5 %).
Intérêts matériels et moraux
Invités ce vendredi à débattre au 15e Congrès de la médecine générale, à Paris, quatre syndicats représentatifs des praticiens libéraux (Les Généralistes-CSMF, la FMF, le SML et MG France) ont livré leur vision de l'avenir, si possible plus unitaire, en présence de deux organisations représentant les internes de médecine générale (Isnar-IMG) et les étudiants en médecine (Anemf).
Devant une salle où 80 % des participants sont encartés, MG France reste convaincu que le syndicalisme médical demeurera « indispensable » pour préserver les intérêts de la profession, dans un contexte de mutation profonde de l'exercice libéral. « Nos missions sont de défendre les intérêts matériels et moraux des mandants, recadre le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes. Les revenus font partie de nos revendications. La négociation doit permettre de partager des points communs qui tiennent compte de l'intérêt général et de celui des professionnels. »
Des histoires différentes
De l'avis général, le morcellement syndical actuel (entre généralistes et spécialistes, au sein des spécialités, entre la ville et l'hôpital) dessert la profession, même si personne n'a de recette miracle. « Demain, aussi bien dans les négociations mono-professionnelles que pluriprofessionnelles, nous devons y aller unis pour discuter face à l'Assurance-maladie », préconise déjà le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Le généraliste mayennais cite en exemple les avenants conventionnels interpro récents sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). « Il y avait des choses inacceptables sur le plan organisationnel, ajoute-t-il. Tous ensemble, on avait dit qu'on ne les signait pas et on a réussi à faire évoluer ces textes. Sans cette unité syndicale, on est cuits. »
Cette union souhaitée des forces ne signifie pas fusion, mais positions communes sur les sujets vitaux. « Nous avons tous des histoires différentes, rappelle le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Il est très difficile de réunir tout le monde mais on y arrivera peut-être en cas de changement de génération. »
Pression sur les jeunes
Il y a déjà un sujet sur lequel les syndicats avancent comme un seul homme : celle de l'accès géographique aux soins. Hors de question de subir des mesures coercitives à l'installation, que nombre de candidats à la présidentielle ont inscrites dans leurs programmes, que ce soit sous forme de contrainte directe envers les jeunes médecins ou de conventionnement sélectif. Jeudi encore, lors d'une table ronde organisée par l'Association des maires ruraux, plusieurs candidats – dont le Dr François Braun, référent santé d'Emmanuel Macron – avaient indiqué que la question de régulation des installations devrait désormais être mise sur la table.
« Les étudiants ne sont pas des pions qu'on déplace comme ça », a alerté la Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF. « On prend les problèmes à l'envers, a abondé le Dr Battistoni, patron de MG France. La première solution, c'est de renforcer l'offre de soins existante en apportant des moyens matériels et humains avec par exemple des assistants médicaux. » La représentante des internes de médecine générale, Mathilde Renker, constate que « la pression s'accroît sur les jeunes qui ne sont pourtant pas responsables de cette dégradation. En plus, on sait que la régulation ne fonctionne pas ». De quoi rassembler les jeunes et leurs aînés ?
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