La maîtrise de stage sera-t-elle bientôt généralisée à toutes les spécialités dont l'exercice s'effectue majoritairement en ville ?
C'est du moins le souhait du ministère de la Santé (DGOS) qui a officialisé début décembre un groupe de travail pour accélérer le développement de l'offre de stage ambulatoire dans le cursus de formation au bénéfice des internes et externes.
Le temps presse. La loi de santé prévoit que les internes de médecine générale (et d'autres spécialités de premier recours) réalisent un stage d'au moins six mois en ambulatoire sous le régime de l'autonomie supervisée et en priorité dans les zones sous-denses.
De surcroît, la réforme du troisième cycle des études médicales a modifié le paysage des stages en donnant la possibilité à 17 spécialités – pédiatrie, rhumatologie, dermatologie, etc. – d'effectuer un stage couplé ou mixte lors de la dernière phase de l'internat (dite de consolidation) auprès d'un maître de stage des universités (MSU) agréé dans sa discipline.
Peu de terrains
Las, personne n'est vraiment prêt pour passer de la théorie aux travaux pratiques. En dehors de la médecine générale, qui a fait de la maîtrise de stage un atout majeur en dix ans, très peu de spécialités de premier recours se sont organisées. « Il existe déjà des stages ambulatoires dans d'autres spécialités comme en pédiatrie, mais c'est très rare », souligne Marianne Cinot, présidente de l'ISNAR-IMG.
Même constat pour les carabins de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), pourtant demandeurs de stages hors CHU dès le nouveau second cycle. « Il n'y a pas de terrains ouverts dans les spécialités en dehors de la médecine générale. L'enjeu de la réforme du second cycle est de permettre aux étudiants de découvrir d'autres aspects des spécialités. On ne pratique pas la dermato de la même manière en hospitalier et en libéral », explique Roxane Hellandsjö-Prost, présidente de la structure.
Délais de paiement
Le groupe de travail devra s'atteler à définir les spécialités prioritaires pour accueillir les jeunes en ambulatoire, les modalités de formation pour les futurs maîtres de stage (MSU) mais aussi la rémunération pour rendre l'exercice attractif (y compris pour transformer l'essai en médecine générale).
Pour le CNGE (généralistes enseignants), la médecine générale doit être une source d'inspiration dans ces travaux sur l'offre de stages ambulatoires. Au 1er janvier 2019, plus de 10 500 MSU encadrent un externe ou interne et l'objectif de 12 000 MSU est désormais réaliste. Faut-il transposer le modèle généraliste ? Définir un tronc commun pour toutes les spécialités de premier recours ? « Qu'on avance sur la rémunération et le statut des MSU, oui, en revanche, attention à ne pas perturber ce qui marche déjà », prévient le Pr Vincent Renard, président du CNGE.
Dans ce contexte porteur, MG France réclame une revalorisation immédiate des honoraires pédagogiques de maîtrise de stage et la garantie d'une réduction des délais de paiements (un sujet très sensible dénoncé à plusieurs reprises par le Syndicat national des enseignants de médecine générale – SNEMG – et qui concerne encore de nombreux collèges). Actuellement, un MSU perçoit 600 euros brut par mois pour l'accueil d'un interne et 300 euros brut par mois pour l'accueil d'un étudiant de deuxième cycle (à partager entre les différents MSU d’une même maquette de stage).
Les premières conclusions du groupe de travail sur l'offre de stage ambulatoire sont attendues au premier trimestre 2020.
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