TROIS MOIS après le vote de la loi sur les retraites, la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) entre en insurrection. Lors de sa dernière réunion, son conseil d’administration a décidé qu’au chapitre de l’âge de départ en retraite à taux plein, il restait « fermement attaché » au seuil des 65 ans. Or la loi du 9 novembre dernier a fixé, pour le régime de base, à 62 ans l’âge de la liquidation à taux plein avec le nombre de trimestres d’activité requis, et reculé à 67 ans l’âge de cette même liquidation à taux plein et sans abattement y compris au cas où l’aspirant à la retraite n’a pas tous ses trimestres.
Se penchant sur la transposition de ces nouvelles dispositions légales pour les médecins libéraux, le CA de la CARMF « a décidé à contrecœur de porter l’âge minimum de liquidation à 62 ans, en raison d’interactions entre le régime de Base, le régime Invalidité, le cumul emploi retraite… » pour les régimes complémentaire et ASV (allocation supplémentaire vieillesse). En revanche, il a résolu de faire bande à part sur le chapitre de la retraite à taux plein, pour lequel il campe donc sur l’âge charnière de 65 ans.
La Caisse fait valoir qu’elle « pilote son régime complémentaire depuis l’origine avec un taux plein à 65 ans » et que « ce régime n’a pas de problème sur le long terme ». L’aligner « sur le régime général, dont les paramètres sont différents, serait inutile et injuste compte tenu des efforts déjà faits par les affiliés », estime le CA.
L’argument de la construction de son régime (un système par points) est également avancé par la CARMF pour se justifier : le problème de l’âge de départ ne s’y pose « pas dans les mêmes conditions ». Enfin, la Caisse estime que « la surcharge de travail au cours de la vie active, avec 55 heures hebdomadaires, sans heures supplémentaires, RTT ou repos compensateur, fait de la médecine la profession la plus sollicitée du pays ». « Cette pénibilité, sans aucune compensation pendant la vie active, mérite que l’on soit ferme sur l’âge de départ en retraite, surtout à l’heure où certains, bénéficiant des 35 heures et des avantages précédemment cités, partent encore à 50 ou 55 ans », conclut la CARMF qui prévient que son conseil d’administration « s’opposera à toute pression pour porter l’âge de départ à taux plein dans le régime complémentaire à 67 ans ». Même chose, précise-t-elle, pour l’ASV, « dont la future réforme ne devra pas toucher aux 65 ans, compte tenu des conditions d’exercice imposées par la pénurie dûment organisée et les compensations refusées ».
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