BIEN SÛR, l’infini est à la croisée des chemins les plus prenants qui soient. Les visions du monde antique (les cosmologies et cosmogonies) ne peuvent éviter de se représenter l’homme dans l’univers et de se demander s’il y trône majestueusement au centre ou s’il n’est qu’une petite parcelle d’un ensemble illimité. Les gourmands de transcendance veulent voir Dieu dans cette notion et les mathématiciens notent qu’à tout chiffre on peut ajouter 1, jusqu’à… l’infini. Il y en a donc pour tout le monde.
Valse mélancolique et langoureux vertige, mais qui s’inaugure d’abord en regardant le ciel, en particulier au moment de la nuit noire. Ce n’est pas un hasard si c’est un homme de pensées, de mathématiques et de religion, Pascal, qui laisse tomber le célèbre « Le silence éternel des espaces infinis m’effraie. »
Mais l’infini existe-t-il vraiment ? Habilement, Aristote distingue un infini réel, indémontrable, et un infini potentiel dont on se sert par extrapolation. Je peux penser que je vais faire un pas, deux pas et ainsi de suite, sans fin. De là à le réaliser…
En mathématiques, il est certain qu’une suite arithmétique est sans fin également. L’adégalité de type 1 = 1/2 + 1/4 + 1/8 etc. montre qu’on n’en aura jamais fini de décomposer un entier.
Empoignades.
Qu’en est-il de Dieu ? Dans ce domaine également les querelles métaphysiques s’accrochent à notre notion. S’il y a de l’infini dans le monde, Dieu y a forcément accès, chaque nombre est connu de lui, affirme Saint Augustin, sûr de lui. Mais les hérésies guettent. Celle de Giordano Bruno, qui affirme qu’il y a une infinité de mondes infinis en dehors du nôtre. Que dire du spinozisme ? En affirmant que Dieu n’est pas autre chose que la nature infinie, le panthéisme absorbe sournoisement la divinité dans la matière et mérite la plus totale méfiance de l’Église et de la synagogue.
C’est pourtant sur le terrain de l’astrophysique que se font les empoignades les plus passionnantes. Copernic et Galilée ont fait voler en éclats le monde limité et géocentrique, la science moderne révèle un univers en perpétuelle expansion. Edwin Hubble établit que les galaxies se fuient proportionnellement au carré de leur distance. Vous vous imaginez !
L’hypothèse du Big Bang, elle-même très discutable, lève un coin du voile. L’univers ne serait pas infini, puisqu’il a commencé dans le temps. L’est-il dans l’avenir ? Merci pour cette question et, loin de Pascal l’angoissé, trémoussons-nous d’aise avec Alain : « Le silence éternel des espaces infinis m’enchante. »
Fayard, 378 p., 21,50 euros.
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