CINEMA - « Une seconde femme », « les Femmes du bus 678 »

Celles par qui le monde change

Publié le 13/06/2012
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« J’AI TOUJOURS pensé que les femmes avaient des histoires plus fascinantes à raconter », dit Umut Dag, né en 1982 à Vienne de parents kurdes, à propos de son premier long métrage, « Une seconde femme ». Deux femmes, donc, la mère d’une famille turque immigrée en Autriche, très attachée aux traditions, et la jeune fille qu’elle choisit dans un village de Turquie pour, officiellement, épouser son fils. Pour l’aînée (Nihal G. Koldas), l’image que donne la famille, dans une société fermée à l’intérieur de la société autrichienne, est primordiale. La plus jeune (Begüm Akkaya) découvre un petit monde en équilibre instable entre deux cultures et tente tant mal que bien d’y trouver sa place.

Umut Dag, qui fut l’élève de Michael Haneke à l’Académie du film de Vienne, conjugue l’art de l’ellipse et celui des plans resserrés sur des actrices bien choisies. Le huis-clos familial, où les filles jouent le rôle principal, est filmé avec une rare maîtrise et l’évolution des personnages dessinée avec sensibilité.

Mohamed Diab, 34 ans, le réalisateur égyptien des « Femmes du bus 678 », a choisi pour thème de son premier film le harcèlement sexuel, alerté par le premier procès du genre, en 2008. Comme il avait « peur d’écrire un film sur les femmes avec le regard d’un homme », il a recueilli de nombreux témoignages et choisi d’élargir le cadre sociologique de l’histoire en entrelaçant les cas de trois femmes de milieux sociaux différents (Boushra, Nelly Karim, Nahed El Seba). L’une, voilée, vient d’un milieu plutôt pauvre, c’est elle qui est harcelée dans le bus, la deuxième appartient à la bourgeoisie, la troisième « incarne une jeunesse plus audacieuse, explique Mohamed Diab, exactement celle qu’on a vue place Tahrir dans les premiers jours de la Révolution ».

Loin d’être un manifeste manichéen, ce film vif et émouvant, qui a eu beaucoup de succès dans son pays, exprime les ambiguïtés d’une société en pleine évolution. À travers les trois femmes, dont les personnages ont beaucoup de profondeur, mais aussi avec les autres personnages et avec une pointe d’humour qui désamorce la noirceur du sujet.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9141