« Une promesse »

Dans l’esprit de Zweig

Publié le 17/04/2014
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Crédit photo : DR

Cinéma

Des « Bronzés » au « Magasin des suicides », incursion dans l’animation, en passant par « les Spécialistes », « Monsieur Hire », « Ridicule » ou « la Veuve de Saint-Pierre », Patrice Leconte varie les plaisirs. « Si je change de registre continuellement, dit-il, c’est pour ne pas prendre le risque de m’endormir. » À 66 ans, il s’offre un drame romantique, inspiré d’un texte de Stefan Zweig (« le Voyage dans le passé »), et tourne pour la première fois en anglais. Une langue dont « les vertus internationales ne sont plus à démontrer », choisie à la suggestion des producteurs, le français paraissant impropre, compte tenu du contexte du récit, et l’allemand, qui aurait été idéal pour être au plus près de l’esprit de Zweig, n’étant pas pratiqué par le cinéaste.

Nous sommes en 1912. Un jeune ingénieur issu de la classe populaire est embauché par un riche industriel. Ce dernier lui fait de plus en plus confiance, jusqu’à l’inviter dans son opulente demeure, où il vit avec une épouse plus jeune et leur fils. L’histoire est celle de la naissance et de l’évolution du désir amoureux, que Leconte filme au plus près (c’est lui qui cadre), racontée autant dans les silences que dans les mots.

La reconstitution, soignée, de l’époque - décors, costumes, musique -, contribue au charme de l’adaptation (faite avec Jérôme Tonnerre) et fait baigner le trio dans une atmosphère qu’on imagine bien sortir d’un roman de Zweig. Le monde des personnages explose avec la guerre, c’est habilement suggéré sans avoir besoin de montrer les horreurs des combats, ni l’état de l’Allemagne vaincue.

Les trois acteurs se glissent avec intelligence et émotion dans leurs habits d’époque. Alan Rickman est le plus subtil. Loin de Woody Allen (« Vicki, Cristina, Barcelona ») et d’« Iron Man », Rebecca Hall est lumineuse, fragile et vive à la fois. Quant au jeune Richard Madden, qui s’est illustré dans la série « Game of Thrones », il ne manque pas de séduction et d’intelligence.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9319