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De Luchini à Macbeth, de thriller en comédie

Publié le 19/11/2015
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" Macbeth »

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   " Je suis un soldat »

" Je suis un soldat »
Crédit photo : CH. BRACHET/MON VOISIN PRODUCTIONS

Fabrice Luchini en président de cour d’assises : de quoi remporter, à la Mostra de Venise, le prix du meilleur acteur masculin, « l’Hermine », signé par Christian Vincent étant également distingué du prix du meilleur scénario. Luchini y est confronté à Sidse Babett Knudsen, la très convaincante vedette de la série danoise « Borgen ». Le magistrat, « aigri, réac, misanthrope », selon la description de son interprète, retrouve parmi les jurés, lors d’un procès à Saint-Omer pour infanticide, une femme (anesthésiste à l’hôpital de Lille) qu’il a aimée autrefois.

« Je suis un soldat », premier long métrage de Laurent Larivière après des courts métrages et un documentaire, ne parle pas de la guerre mais du combat d’une jeune femme, superbement incarnée par Louis Bourgoin, pour vivre, tout simplement, malgré le déterminisme social. Sandrine revient dans sa famille, à 30 ans un peu dépassés, après avoir échoué à se construire un avenir ailleurs que dans le cadre étriqué de son milieu modeste, du côté de Roubaix. Elle va travailler dans le chenil de son oncle (excellent Jean-Hugues Anglade), découvrant la violence du trafic d’animaux. Entre portrait intime, film social et polar, la mise en scène crée un univers sombre mais non dénué de chaleur humaine et joue l’ambiguité des personnages pour ne pas sombrer dans un réalisme stérile. À voir.

Combats politiques

À voir également « les Amitiés invisibles », thriller politique très intelligent de Christoph Hochhaüsler, réalisateur apprécié de l’école de Berlin, la nouvelle vague allemande. Dans cette histoire complexe, d’autant plus que le cinéaste s’est refusé à être trop explicite, il est question de manipulation, de surveillance numérique généralisée et de scandales étouffés au plus haut niveau. Un journaliste et sa jeune stagiaire mènent l’enquête, des lobbyistes tirent les ficelles, il y a des morts suspectes, des militaires qui ont beaucoup à cacher, des déchets toxiques jetés dans la nature… C’est passionnant, même si on n’est pas sûr de tout comprendre.

Autre combat, plus ancien : dans « les Suffragettes », de Sarah Gavron, Meryl Streep incarne la célèbre Emmeline Pankhurst, qui, au début du siècle dernier, fit beaucoup pour le droit de vote des femmes. Mais le rôle principal est tenu par Carey Mulligan, jeune ouvrière qui prend conscience du peu de place laissée aux femmes dans la société et se lance dans les actions clandestines, avec entre autres une pharmacienne jouée par Helen Bonham Carter.

La violence sublimée, c’est le « Macbeth » de Shakespeare. La version de l’Australien Justin Kurzel vaut par la splendeur et l’ampleur de ses images en blanc et rouge des montagnes écossaises et ses spectaculaires batailles. Michael Fassbender et Marion Cotillard sont bien mis en valeur, avec juste ce qu’il faut des vers du grand Will. La tragédie magnifiée par le grand écran.

De la violence encore, schématisée et transformée en jeu pour les adolescents : dans « Hunger Games. La Révolte. Part 2 », de Francis Lawrence, Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence) mène la bataille finale contre la tyrannie.

Enfin, pour finir, une comédie, « Crazy Amy », réalisée par Judd Apatow avec Amy Schumer, jeune comique de stand-up qui s’inspire de sa propre vie pour ses sketches et pour le scénario du film. Entre scènes grivoises, humour salace et romantisme hollywoodien, une réalisation sans surprise mais des comédiens sans complexes qui ont de l’abattage.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9451