Deux fims nouveaux

Des combattants du quotidien

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Publié le 21/04/2023
Homosexuelle dans l'Angleterre de Thatcher, entre refus de la honte et crainte de perdre son emploi. Soignants débordés d'un EHPAD dans la France d'aujourd'hui, vieillards accrochés à la vie et enfants qui ne sont pas sans problèmes. Deux films qui disent des combats à mener chaque jour.
 « Quand tu seras grand »

« Quand tu seras grand »
Crédit photo : LES FILMS DU KIOSQUE/R. KONOPNIKI

* « Blue Jean », de Georgia Oakland

En 1988, la Grande-Bretagne de Thatcher adopte une loi, la section 28, qui interdit aux établissements et pouvoirs publics de faire « la promotion de l'acceptabilité de l'homosexualité en tant que prétendue relation familiale ». De quoi contraindre Jean, professeur d'éducation physique, non seulement à cacher son homosexualité mais aussi à redouter bien des situations avec ses élèves adolescentes. Pour son premier long métrage, Georgia Oakland, qui était à l'école dans les années 1980 mais dit avoir une compréhension personnelle de l'homophobie intériorisée, n'a pas choisi le militantisme. Elle fait un portrait intime, sensible et nuancé de Jean, la très convaincante Rosie McEwen, dans sa vie quotidienne, ses doutes et les deux ou trois décisions dramatiques qu'elle doit prendre. De quoi parler aussi pour aujourd'hui, car, estime la cinééaste, pas tant de chemin n'a été accompli depuis ces années-là et « un coming out n'est pas un épisode isolé mais une bataille quotidienne ».

* « Quand tu seras grand », d'Andréa Bescond et Éric Métayer (le 26 avril)

Rendant visite à sa grand-mère en EHPAD, avec Éric Metayer et leurs enfants, Andréa Bescond (« les Chatouilles ») remarque combien la présence des plus jeunes fait réagir les personnes âgées. D'où l'idée de faire entrer dans l'établissement des écoliers, qui doivent un temps partager le réfectoire des pensionnaires. Ce pourrait être une de ces comédies actuelles avec numéros de vieux acteurs, qui connaissent un certain succès. « Quand tu seras grand » ne manque pas de moments drôles, mais c'est au plus près de la réalité complexe que se situent les auteurs : un océan de problèmes où peuvent émerger des instants joyeux et chaleureux. Et les vieux ne sont plus seulement identifiables par leur situation de plus ou moins grande dépendance mais par ce qu'ils ont été et par ce qu'ils rêvent encore d'être. Tandis que les enfants ont aussi leurs drames cachés. La rencontre est filmée avec vivacité en suivant une foule de personnages, vieux, jeunes, membres du personnel plus ou moins débordés et investis. Vincent Macaigne, Aïssa Maïga, Christian Sinninger, Évelyne Istria, Marie Gillain, le jeune Kristen Billon..., un généreux film choral.

 

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin