PHILIPPE CORNU est sans conteste l’un des connaisseurs les plus éclairés du bouddhisme. On lui doit entre autres un « Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme » (Seuil, 2006). Au-delà de la clarification des principales notions (excellent glossaire final), il met ici en garde contre les amalgames hâtifs avec nos traditions occidentales.
Dès le début, l’auteur essaie de débroussailler la complexité de la doctrine, ses courants multiples, la simplification qui en fait une religion parmi d’autres, les clichés réducteurs. « Pour le public non averti, bouddhisme rime avec hindouisme, non-violence, végétarisme, écologie, new age, arts martiaux », relève-t-il. Le bouddhisme est-il de fait une religion ? Ou, comme le définit assez bien Luc Ferry, « une spiritualité laïque » ? Se réduit-il à une fuite, un détachement par rapport aux biens de ce monde ?
Ce sur quoi Philippe Cornu insiste, c’est la manière dont l’Occident individualiste et consumériste s’est bricolé son bouddhisme à lui, bien loin des véritables traditions spirituelles. Ainsi le hatha yoga enseigné en Occident est-il devenu une recherche de détente et de bien-être corporel. Ainsi assimile-t-on la méditation à la sérénité et à la non-violence, puis au bonheur, dans ce que l’auteur nomme « un bouddhisme à la carte ».
Interdépendance.
Faut-il incriminer la trop attirante image représentée par le Dalaï-Lama ? Un livre préfacé par Mathieu Ricard le présente indirectement, au travers de son commentaire de Tsong-Kha-pa (1357-1419), grand maître du bouddhisme tibétain. Figure très familière, et surchargée de clichés, le Dalaï-lama semble être le trait d’union de l’enseignement de la voie bouddhiste aux Occidentaux. On l’a vu, cela ne va pas sans malentendus.
Prix Nobel de la paix, le 14e et actuel dalaï-lama, Tenzin Gyatso, dut quitter Lhassa en 1959 pour s’exiler à Dharamsala, dans l’Himalaya indien. L’Histoire (ou la légende) dit que, par cette froide nuit, il n’avait pu emmener que « le Grand Traité des étapes de la voie vers l’éveil » de Tsong-Kha-pa, paru en 1402. À partir de la publication d’une première traduction en anglais de ce texte fondamental, le Dalaï-Lama a donné des leçons à la Lehigh University, aux États-Unis.
Le philosophe retrouvera dans ce texte certains des principaux principes du bouddhisme tibétain. En particulier le thème de l’interdépendance. Toutes choses arrivent et restent en vertu d’interconnexions profondes. Il s’ensuit qu’aucun individu ne peut trouver le bonheur en négligeant les autres. Il s’ensuit également que rien ni personne ne peut être sa propre cause.
Un livre de sagesse, bien sûr, dépourvu de toute arrogance, et qui définit un objectif général. « Je ne cherche pas à promouvoir le bouddhisme, mais plutôt la façon dont la tradition bouddhiste peut contribuer au bien de la société. »
Philippe Cornu, « le Bouddhisme, une philosophie du bonheur », Seuil, 297 p., 21 euros.
Le Dalaï-Lama, « La Voie vers l’éveil », 238 p., 22,90 euros.
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