« Les Héritiers », « Mr. Turner »

À hauteur d’homme

Publié le 04/12/2014
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Crédit photo : S. MEIN/THIN MAN FILMS

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Crédit photo : G. FERRANDIS

Cinéma

« Les Héritiers » c’est au moins deux belles histoires, réconfortantes. Celle, racontée dans le film, de ces élèves d’une classe de seconde multicommunautaire transformés, grâce à leur prof, par la participation au Concours national de la Résistance. Celle de l’un de ces élèves, Ahmed Dramé, devenu acteur et à l’origine du film, avec une ébauche de scénario envoyé à la productrice et réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar (« Ma première fois », « Bowling »).

Le tournage a eu lieu sur les lieux mêmes de l’aventure, le lycée Léon Blum de Créteil. La réalisatrice a réuni de jeunes acteurs et des non-professionnels et eu la bonne idée de choisir pour professeur Ariane Ascaride, à qui le sujet ne pouvait que plaire. Le miracle du film, c’est de faire sentir collectivement et individuellement la métamorphose de ces ados, plus ou moins empêtrés dans leurs difficultés scolaires et sociales et leurs préjugés religieux et culturels, et la façon dont ils vont reprendre espoir et confiance en eux.

Confrontés, au fil de leurs recherches, au destin des enfants massacrés par les Nazis, ils sont amenés à réfléchir sur ce qui peut les opposer ou les réunir aujourd’hui. C’est valable aussi pour les spectateurs, au-delà du constat social (comme dans « Entre les murs ») et de l’émotion que suscite le film.

Turner, ciels et terre

Dans « Mr. Turner », le Britannique Mike Leigh évoque, à travers les 25 dernières années du peintre, mort en 1851, les affres des artistes, qui sont aussi les siennes. Turner, c’est un « géant, tenace, intransigeant (...), révolutionnaire dans l’approche de son art, dévoué à sa tâche, un visionnaire ». C’est aussi un homme « excentrique, anarchique, vulnérable, imparfait, fantasque et parfois grossier ». Cela fait beaucoup pour un seul film, dure-t-il deux heures trente, et beaucoup pour un acteur, si bien qu’on ne sait pas si Timothy Spall joue très bien (il a eu à Cannes le prix d’interprétation) ou en fait beaucoup trop. Les grognements du personnage finissent en tout cas par taper sur les nerfs.

Ce qui est beau, dans « Mr. Turner », ce sont les toiles du maître, abondamment montrées, et les paysages et les ciels qui les ont inspirées, filmés ici avec lyrisme. On sourira aussi des démêlés de Turner avec ses pairs, qu’il n’hésitait pas à faire tourner en bourrique. Le problème de « Mr. Turner », c’est peut-être finalement Joseph Mallord William Turner lui-même, qui n’est pas très sympathique.

Marseille, Cuba, la Hongrie...

La sortie la plus attendue de la semaine est « la French », de Cédric Jimenez, avec Jean Dujardin dans le rôle du juge Pierre Michel, assassiné en 1981, et Gilles Lellouche dans celui du truand Gaëtan Zampa. Laurent Cantet est allé à Cuba pour « Retour à Ithaque », qui se penche, à travers les retrouvailles de cinq amis, un soir à La Havane, sur l’itinéraire et les désillusions de nombre de ceux qui ont cru à la révolution castriste. Le Hongrois Kornél Mundruczó a imaginé, avec « White God », grand prix de la section Un certain regard, à Cannes, un « conte sur les espèces supérieures et les races en disgrâce », celles-ci étant représentées par des chiens batards. Et puis les enfants découvriront les aventures de Paddington, jeune ours péruvien qui débarque seul à Londres (voix en français de Guillaume Gallienne), un film qui mélange images d’animation et prises de vue réelles, avec entre autres Nicole Kidman en méchante taxidermiste.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9371