Architecture, design, photo, trois expositions

La synthèse des arts

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Publié le 24/10/2019

À la Fondation Vuitton, Charlotte Perriand, artiste majeure du siècle, à la recherche d’une synthèse des arts. Au Mobilier national, la création artistique sous Louis XIV, où tout passe par Colbert et Lebrun, nés tous deux il y a 400 ans. À la Maison européenne de la photographie, Hassan Hajjaj, dans un partage de cultures.

Le Corbusier, Léger, Perriand, 1955 (reconstitution)

Le Corbusier, Léger, Perriand, 1955 (reconstitution)
Crédit photo : ADAGP/FONDATION VUITTON-M.DOMAGE

Charlotte Perriand (1903-1999), à laquelle la Fondation Vuitton (1) rend hommage à l'occasion des 20 ans de sa disparition, associe le design à l’architecture pour un nouvel art de vivre. C'est une femme libre, engagée, ouverte sur le monde, écologiste avant l’heure.

Après des études aux Arts décoratifs, Charlotte Perriand s’impose comme architecte d'intérieur dans ses collaborations avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, participant entre autres aux projets de la Villa Savoye, de la Cité du refuge de l’Armée du Salut et du Pavillon suisse à la Cité universitaire. Dans les années 1930, avec ses photos, son ami Fernand Léger et Pierre, elle imagine un art brut.

Lorsqu’elle est nommée conseillère pour l'art industriel en 1940 au Japon, où elle séjourne jusqu’en 1946, elle plaide pour le dialogue des cultures et sa première présentation s’intitule « Sélection, tradition, création ». Dans ses recherches de matériaux, par exemple, elle passe du tube chromé à la paille, au bois brut, au bambou, à des éléments préfabriqués et au polyester.

Sportive, après des années consacrées à l’architecture de loisirs, elle œuvre pendant près de trente ans à la création de la station des Arcs en Savoie, pour unifier les échelles, des meubles qu’elle dessine à l’intégration des immeubles dans cette montagne qu‘elle aime passionnément, avec un grand respect de l’environnement.

À la Fondation Vuitton, dans un parcours chronologique qui présente 400 œuvres, on retrouve sept reconstitutions architecturales, de son premier atelier de la place Saint-Sulpice à la Maison de thé réalisée pour l’UNESCO en 1993, qui apparaît comme un message de paix et d’harmonie, 50 pièces de mobilier, dont les emblématiques « Chaise longue basculante » et « Fauteuil grand confort ». Et aussi les œuvres des contemporains avec qui elle a dialogué, Le Corbusier et Fernand Léger bien sûr, mais aussi Calder, Miro, Robert Delaunay, Hantaï, Picasso, Henri Laurens, Sôfu Teshigahara.

Cette présentation met en valeur sa créativité, sa modernité et sa recherche d'une synthèse des arts. « L’art est dans tout, l’art est dans la vie et s’exprime en toute occasion et en tout pays. »

Pour Louis XIV

La création a bien changé depuis le temps où Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), ministre de Louis XIV, et Charles Le Brun (1619-1690), son premier peintre, imposaient un style à la gloire du Roi en créant les manufactures de la Couronne pour décorer les résidences royales. Au Mobilier national (2), une centaine d’œuvres, peintures, sculptures, tapisseries, mobilier, orfèvrerie témoignent de la qualité de leur production, réalisée avec les meilleurs artisans. Une richesse décorative célébrée jusqu’à aujourd’hui dans toute l’Europe.

Et aussi

Le photographe autodidacte Hassan Hajjaj, né au Maroc, arrivé à Londres à 12 ans, pose un nouveau regard sur la société marocaine, les femmes voilées ou non, les hommes sur leur moto, les musiciens. S'inspirant du pop art avec ses couleurs vives, il réinterprète les costumes traditionnels car il est aussi couturier. Ses modèles prennent la pose devant des tapis plastifiés dans un cadre fait d’alignement de boîtes de conserve, canettes de soda ou tubes de harissa. Un partage de culture et une interrogation sur l’identité. C'est la première rétrospective en France de l'artiste, qui a eu carte blanche pour investir tous les espaces de la Maison européenne de la photographie (3).

Signalons par ailleurs le Salon international du patrimoine culturel, qui se tient du 24 au 27 octobre au Carrousel du Louvre, sur le thème « le futur en héritage ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) « Le monde nouveau de Charlotte Perriand », jusqu'au 24 février, www.fondationlouisvuitton.fr

(2) « Créer pour Louis XIV, les manufactures de la couronne sous Colbert et Le Brun », jusqu'au 4 décembre, www.mobiliernational.culture.gouv.fr

(3) Hassan Hajjaj, jusqu'au 17 novembre, www.mep-fr.org

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin