La vie, l’amour

ÉVIDEMMENT, certaines scènes sont tire-larmes. Mais c’est surtout une histoire d’amour que raconte Valérie Donzelli à travers un couple confronté à la très grave maladie de son fils. Et la dramatisation est toujours évitée au profit de l’action et, il fallait l’oser, de la comédie, dans le rythme et le regard.

Roméo et Juliette ont un coup de foudre puis un enfant, nommé Adam. Au moment où débute la guerre d’Irak, ils apprennent que leur fils de 18 mois a une tumeur au cerveau. Ils vont mobiliser toutes leurs forces pour affronter cette catastrophe. On sait dès le début qu’Adam n’en mourra pas mais le récit de la lutte contre la maladie, et, surtout, de la façon de se battre de l’un et de l’autre, l’un avec l’autre, ne manque pas de suspense et de rebondissements.

Cette aventure singulière, Valérie Donzelli et son coscénariste Jérémie Elkaïm l’ont vécue. C’est leur fils qui apparaît dans les premières images dans le rôle d’Adam à 8 ans. Et ce sont eux qui incarnent Roméo et Juliette, avec la distance et l’ironie analytique qu’il faut pour éviter pathos et auto-apitoiement.

Rendant un bel hommage à l’hôpital public et à ses soignants, auxquels elle a dédié le film, Valérie Donzelli a tourné sur les lieux qu’elle avait découverts en tant que mère. À La Timone, à Marseille, à Necker, à Paris, où l’enfant a été opéré, et à l’Institut Gustave-Roussy où il a été traité. Certains soignants ont joué leur propre rôle. Le neurochirurgien Christian Sainte-Rose s’est déclaré trop mauvais acteur pour cela, mais a prêté son nom, sa blouse, son bureau, sa secrétaire.

Là encore, le réalisme des décors n’entraîne aucune exhibition. Les scènes médicales ne durent que le temps qu’il faut pour faire comprendre ce contre quoi se battent Roméo et Juliette. Tout le prix du film, unanimement louangé depuis sa projection à Cannes à la Semaine de la critique, est dans ce couple qui reste plein d’énergie de vie et qui la communique aux spectateurs.