CINEMA - Le festival de Cannes

L’action par temps de crise

Publié le 24/05/2012
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Crédit photo : M. S. GORDON

KEN LOACH et son scénariste Paul Laverty, originaire de la région de Glasgow, reviennent en Écosse pour une comédie arrosée au whisky. Le rire, bienvenu à ce stade de la compétition, n’empêchant pas le diagnostic social, sur l’absence de perspectives d’avenir des jeunes et les façons, bonnes ou mauvaises, d’essayer de s’en sortir.

Les protagonistes en sont un jeune homme enfermé dans le cycle de la violence (dans son quartier, les raisons de se bagarrer, aux poings ou au couteau, se transmettent de père en fils), à la veille de devenir père, et une bande de pieds-nickelés, condamnés comme lui à des travaux d’intérêt général. On laissera aux futurs spectateurs (à partir du 27 juin), le plaisir de découvrir comment et pourquoi ils se retrouvent dans une distillerie, où l’on apprendra ce qu’est la part des anges.

À l’image de Paul Brannigan, qui vient lui-même d’un quartier difficile de Glasgow, la plupart des acteurs sont des non-professionnels. C’est l’un des atouts du film. S’il n’est pas parmi les plus convaincants de Ken Loach, il dégage des saveurs et des odeurs qu’il n’est nul besoin d’être amateur de vieux malt pour apprécier.

Avec « Cogan, la mort en douce » (le titre original, « Killing me Softly », d’Andrew Dominic, sonne beaucoup mieux), le festival a sans doute voulu refaire le coup de « Drive », le polar de style, la présence de Brad Pitt sur le tapis rouge étant aussi un luxe qu’on ne se refuse pas. L’affiche est belle, avec quelques gueules du film de gangsters, Ray Liotta, James Gandolfini, une apparition de Sam Shepard, et les moins connus Scoot McNairy et Ben Mendelsohn, considéré comme l’un des meilleurs acteurs australiens. Et l’idée centrale du réalisateur, australien lui aussi, auteur de l’estimable « Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » est séduisante : faire un parallèle entre l’économie mondiale en difficulté et l’économie du crime également en crise. « J’ai toujours eu le sentiment que les drames policiers parlaient essentiellement du capitalisme, parce qu’ils montraient l’idée du capitalisme fonctionnant sous sa forme la plus basique », dit-il.

Le problème est que, malgré des allusions constantes, avec les télés et les radios qui diffusent les informations correspondantes, dont des discours d’Obama, l’histoire, inspirée du roman « l’Art et la Manière », de George V. Higgins, un ancien procureur, reste celle d’un tueur appelé à faire le ménage, avec ses scènes parfois convenues. De style, cependant, Andrew Dominic n’en manque pas, même s’il abuse parfois de ses effets. Le choix des décors est original, l’action se situant loin de la Californie, dans une ville ravagée par la crise. Les amateurs peuvent donc cocher sur leur agenda la date de sortie, le 17 octobre.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9131