Nakuru, Naivasha et Laikipia. Deux lacs et un comté pour passer d’un Kenya connu à un autre inédit. Tel est le choix possible avec ce trio de territoires réparti dans un pays où la faune ne se cantonne pas, loin s’en faut, aux grands parcs et réserves nationales. Des trois, le lac Nakuru est le plus populaire. A quatre heures de route au nord-ouest de Nairobi, il se targue d’abriter l’une des plus importantes concentrations de flamants roses d’Afrique. Durant la saison humide, d’avril à juin, des milliers d’échassiers viennent profiter des hautes eaux et de l’abondante nourriture.Partie du parc national Nakuru, le lac regorge d’oiseaux (marabouts, pélicans, rapaces…) pendant que ses berges abritent la faune quadrupède. Chaque matin et soir, on observe en 4X4 le ballet des mammifères s’approchant et s’éloignant des rives. En journée, zèbres, buffles, phacochères et babouins se baladent allègrement au bord du lac, sous le regard placide des rhinocéros. Une centaine a été réintroduite avec succès dans le parc. Repue, une famille de lionnes somnole à l’écart sous un acacia isolé.
À deux heures au sud de Nakuru, le lac Naivasha a des allures de petite mer intérieure. Beaucoup moins fréquenté, il se déploie dans un territoire connu pour ses serres horticoles (exportées dans le monde entier) et dominé par la montagne géothermique Olkaria, l’un des rares sites d'Afrique proposant des bains sulfureux. Sulfureux et imprévisible, c’est aussi le caractère des hippopotames. Attraction principale du lac, on les approche prudemment en bateau.Depuis la rive, le spectacle est d’abord avicole. Ici un kingfischer (martin-pêcheur) gris et blanc veille sur un papyrus. Là, une cigogne solitaire attend de trouver son festin. Plus loin, un ibis hagedash patauge dans les nénuphars, près d’un jacana d’Afrique au plumage roux. Ailleurs, des cormorans et une grande aigrette sèchent sur des arbres morts. Une vie aux aguets, dans une nature sublime mais parfois hostile. On peut découvrir ce lac depuis le Chui Lodge, un hébergement planté dans une savane arborée, au pied de l’escarpement de la montagne de Mau. Là s’égayent girafes, élans, buffles, gnous et de rares léopards. Oscillant entre 100 et 1 000 km² selon les saisons, le niveau du lac a baissé en 2022 par manque de pluie. La sécheresse menace des régions, avec des conséquences néfastes : baisse des productions agricoles, problèmes d’accès à l’eau, voire sous-nutrition des populations du nord, partie la plus aride du pays.
La véritable aventure commence dans le comté de Laikipia, au centre-nord du pays. Sur ce plateau de savane sèche à l’allure de Sahel, accessible par de longues pistes poussiéreuses, les rhinocéros sont rois. Dans la Ol Pejeta Conservancy, on aperçoit les deux derniers spécimens au monde de « rhinocéros blancs du nord ». La zone abrite aussi le Sweetwaters Chimpanzee Sanctuary. C’est le seul lieu du Kenya où l’on peut observer des chimpanzés. Pour profiter au mieux de la faune sauvage, il est possible de rejoindre le Mutara Camp, un lodge de luxe perdu dans le bush. En chemin, éléphants, girafes, antilopes et lionnes sont au menu, de même que l’inattendue outarde kori et le rollier à gorge lilas, oiseau national.
Ces ranchs privés offrent une expérience intimiste et hyperqualitative que les grands parcs, adaptés aux groupes, ne peuvent tout à fait garantir. Ainsi du Tumaren Ranch, situé encore plus au nord. Ici, le concept est pensé autour d’un hébergement sous tente haut de gamme et d’un encadrement par du personnel masai. Le safari ne s’y vit pas en 4X4 mais… à pied. Dans une savane libre de barrières, les guides masais, habillés en vêtements traditionnels, conduisent leurs hôtes à travers le paysage. Panoramas infinis sur la savane depuis des collines de grès ; observation des éléphants, oryx, babouins, autruches, zèbres, girafes… depuis la terre ferme ; rencontre avec une communauté d’éleveurs masais ; nuit sous tente dans un campement provisoire, sous le ciel étoilé bercé par le cri de la hyène : le Kenya, le vrai, est ici !
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