Le mariage réhabilité

Idées

C’était un beau mariage, on a vu deux êtres s’engager à s’aimer pour la vie. À la mairie, ils se sont promis « respect, fidélité et assistance » ; à l’église de « s’aimer fidèlement » jusqu’à ce que la mort les sépare. Mais, interroge l’auteur, alors que nous apprenons la nouvelle de leur séparation (notez l’ellipse dans ce récit), nous qui étions présents, « ne les avons-nous pas ensuite laissés aller, esseulés et fragiles, vers leur funeste destin ? » Une question qui en surprendra plus d’un.

Sociologiquement, la massive augmentation des divorces et des séparations en Occident depuis quelques décennies reçoit son lot d’explications. Denis Moreau en cite certaines : l’allongement de la durée de vie qui laisse la possibilité de « refaire sa vie », curieuse expression si on la prend au pied de la lettre ; l’obsession du « développement personnel » passant par l’importance conférée à la satisfaction sexuelle ; le développement massif du travail féminin, garant d’autonomie ; la difficulté d’un engagement « pour la vie ». Autant de conditions favorables, sinon de causes.

Mais pourquoi l’auteur s’étonne-t-il d’un phénomène dont il donne lui-même les explications ? Pourquoi est-il aussi pesant à propos de la responsabilité-culpabilité de ceux qui auraient dû apporter leur secours au moment du mariage ? Délit de non-assistance à l’âme des futurs ?

Denis Moreau tombe-t-il en quelque sorte le masque en révélant qu’il est marié, chrétien, catholique proclamé et viscéralement attaché à un sacrement nullement mutilant mais au contraire épanouissant ? Contrairement au grand penseur Frédéric Beigbeder, il ne croit pas que l’amour dure trois ans, puisque le sacrement qui le couronne exprime ce que Ferdinand Alquié nommait le « désir d’éternité ». Un livre émouvant par sa sincérité.

Denis Moreau, « Pour la vie ? - Court traité du mariage et des séparations », Seuil, 250 p., 17 euros.