ENCADRANT les nouveaux auteurs, on retrouve des écrivains connus et reconnus, et parfois leurs personnages. Ainsi de Solange, introduite dans « Clèves » par Marie Darrieussecq et qui, dans « Il faut beaucoup aimer les hommes » (P.O.L.), suit au Congo un homme de couleur pour tourner un film et dénoncer une vision fausse et imposée sur les Noirs et les femmes. Dans « le Marcheur de Fès : récit » (Calmann-Lévy), Éric Fottorino nous mène sur les traces de son père biologique, Moshe-Moïse le Fassi, devenu Maurice le Français. C’est en août 440, avec Galla Placidia, fille, sœur et mère d’empereurs romains, que Max Gallo signe « la Chute de l’Empire romain » (XO Éditions). Pour son retour au roman, Sylvie Germain évoque les « Petites Scènes capitales » (Albin Michel) qui ont marqué les personnages, de l’enfance de l’héroïne à son âge adulte.
Dans « Danse noire » (Actes Sud), Nancy Huston croise les générations, les continents et les histoires de trois personnages, de Dublin à Montréal et jusqu’à Rio, tandis que, dans « les Anges meurent de nos blessures » (Julliard), Yasmina Khadra campe un héros né dans l’Algérie coloniale des années 1920 et dont le parcours sentimental riche et varié se mêle à celui de son ascension et de sa chute dans le monde de la boxe. Fidèle au rendez-vous, Amélie Nothomb propose, dans la lignée de « Stupeur et tremblements » et de « Ni d’Ève ni d’Adam », un texte personnel initié à l’occasion de son dernier passage au Japon, « la Nostalgie heureuse » (Albin Michel). « Plonger » (Gallimard) est une histoire d’amour signée Christophe Ono-dit-Biot, un beau et court récit que le narrateur écrit pour que son fils connaisse la vérité, alors que sa mère les a abandonnés, avant de trouver la mort.
Toujours prolixe, même s’il assure qu’« Un jour je m’en irai, sans en avoir tout dit » (Robert Laffont), Jean d’Ormesson poursuit sa réflexion sur le monde autour de trois axes : la société, l’amour et l’univers. Une autre conteuse, Véronique Ovaldé, dans « la Grâce des brigands » (L’Olivier), s’attache aux pas et aux aventures amoureuses d’une écrivaine, depuis sa ville natale dans le Grand Nord jusqu’à la Californie, où elle s’installe. Et c’est un Bruxelles insoupçonné que raconte Éric-Emmanuel Schmitt dans « les Perroquets de la place d’Arezzo » (Albin Michel), où bruissent volatiles et gens huppés, tout occupés par leurs passions, leurs désirs et leurs fantasmes amoureux et sexuels.
Les grandes inspirations
Qu’ils soient confirmés ou non, les romanciers français de l’automne font souvent montre des mêmes préoccupations ou inspirations. Plus d’une dizaine d’auteur(e)s nous amènent ainsi à la conquête de l’Amérique, du Far West (« Faillir être flingué » de Céline Minard, chez Rivages, ou « Arizona Tom » de Norman Ginzberg, chez Héloïse d’Ormesson) à New York (« le Désamour » d’Antonia Kerr, chez Gallimard) en passant par Boston (« la Transcendante » de Patricia Reznikov, chez Albin Michel).
Année après année, le rapport au père continue d’alimenter les récits, dont ceux de Serge Moati, qui, dans « le Vieil Orphelin » (Flammarion), se demande si c’est une chance d’avoir perdu son père et sa mère à l’âge de 11 ans, et d’Arnaud Friedmann, qui, dans « le Tennis est un sport romantique » (Lattès), tente de se construire en l’absence d’un père que sa mère affirme être John McEnroe. En marge, Olivier Poivre d’Arvor raconte, dans « le Jour où j’ai rencontré ma fille » (Grasset), la découverte de sa stérilité et le long et difficile parcours pour adopter Amaal, originaire du Togo.
Dans la continuité également des succès de l’année précédente, le corps continue d’être mis en valeur, soit comme objet de souffrance à travers la maladie, soit comme objet de plaisir. Si Brigitte Giraud se contente de suivre l’évolution d’un corps féminin (« Avoir un corps », Stock) – ainsi que l’avait fait Daniel Pennac, côté masculin, dans « Journal d’un corps » –, Serge Bramly nous entraîne avec son personnage en cavale, dans une boîte échangiste dans « Arrête, arrête » (NIL) et Lucie Clarence propose « Emma Bovary, libertine » (MA Éditions), une version érotique du roman de Flaubert.
Un autre créneau dans lequel se sont engouffrés les romanciers est celui des biographies romancées, avec souvent un éclairage particulier. Il peut s’agir d’artistes et écrivains – Gustave Courbet, Serge Prokofiev, Django Reinhardt, Kurt Cobain, Albert Camus – ou de personnages politiques et de faits-divers – Staline, le baron de Batz, le commandant Massoud ou Bruno Sulak, le célèbre braqueur des années 1980 (« Sulak », par Philippe Jaenada, chez Julliard).
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