Au musée du Luxembourg

Le Tintoret, talent précoce

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Publié le 22/03/2018
Art-Tintoret

Art-Tintoret
Crédit photo : GALLERIE DELL'ACCADEMIA, VENISE

Un talent précoce, dont témoigne « l’Adoration des mages », réalisée à 20 ans, une imagination débordante et une très bonne connaissance de la peinture contemporaine et des maîtres. Pour cette toile, Le Tintoret reprend une composition de Santa Croce, un peintre de Bergame, mais ouvre une perspective dans l’étable et y inclut un personnage central vu de dos inspiré de « l’Adoration des bergers » du Titien, dont il a peut-être été l’élève. Ses tableaux sont parcourus également de citations de Raphaël, Michel Ange ou de peintres nordiques.

Une très grande ambition. Il s’attaque aussi bien à la peinture religieuse qu’aux portraits, n’hésitant pas à casser les prix pour accéder à de nouvelles commandes. Il travaille pour lui mais aussi pour les autres. Le « Portrait en pied de Nicola Doria » serait de sa main, sous-traité par Le Titien, qui aurait fait l’esquisse de la tête. Une pratique courante à l’époque. Le Tintoret fera de même avec son ancien maître Bonifacio de Piati pour la « Sainte Conversation Molin ». Mais parfois les collaborations sont plus confuses, comme avec Giovanni Gallizi, qui finit par le plagier.

Il aime l’architecture, avec de grandes perspectives qui donnent un aspect très théâtral à ses compositions, laissant à d’autres le soin d’insérer les personnages. Et aussi la sculpture antique et contemporaine, qu’il collectionne et modèle, alors que Véronèse, fils de maçon, regardera la sculpture décorative.

Il entre aussi de plain-pied dans le débat de son temps, celui du paragone (de l'italien comparaison), qui met en concurrence la sculpture et la peinture. Dans « la Princesse, saint Georges et saint Louis », inspiré de sculptures connues, il ajoute le reflet de la princesse sur l’armure, modérant ainsi le supposé antagonisme.

Avec « le Péché originel » (1551-1552) débute la reconnaissance de Jacopo Robusti, fils de teinturier et de petite taille (d’où le surnom d'el Tintoretto), qui assure la transition à Venise entre la Renaissance et le Baroque.

 

 

 

 

Jusqu'au 1 er juillet. Tél. 01.40.13.62.00, www.museeduluxembourg.fr

Caroline Chaine
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Source : Le Quotidien du médecin: 9650