CINEMA - « Après la bataille », de Yousry Nasrallah

L’Égypte en mouvement

Publié le 19/09/2012
Article réservé aux abonnés
1348017187371123_IMG_89345_HR.jpg

1348017187371123_IMG_89345_HR.jpg
Crédit photo : DR

L’HOMME est un cavalier des Pyramides. Il a participé le 2 février à « la bataille des chameaux », quand des chameliers et des cavaliers de Nazlet El-Samman, communauté établie près des pyramides de Guizeh et qui vivait du tourisme, attaquent les manifestants antirégime sur la place Tahrir et seront soupçonnés d’avoir été payés par les pro-Moubarak pour créer des heurts. La femme est une militante révolutionnaire qui vit dans les beaux quartiers du Caire. Moderne et laïque, elle a été harcelée sur la place Tahrir le 8 mars, lors de la journée internationale des femmes.

La rencontre de ces deux personnages qui n’ont rien en commun va changer le cours de leur vie, jusqu’au « dimanche noir », le 9 octobre, une manifestation attaqué par les militaires et des personnes armées en civil, qui fera 34 morts et plusieurs dizaines de blessés. Chacun porte sur l’autre un regard d’incompréhension, ce qui n’empêche pas une attirance réciproque.

D’autres protagonistes, notamment les femmes, enrichissent le récit, cernés dans leurs doutes et leurs ambiguïtés. Nasrallah a tourné au moment même des événements mais l’aspect documentaire, aussi intéressant soit-il, s’efface derrière la fiction qui, dit-il, permet seule, « dans les moments de confusion, d’y voir un peu clair, de comprendre quelque chose ». Le cinéaste – ancien assistant de Youssef Chahine, auteur de « Femmes du Caire », entre autres – pose ainsi habilement de nombreuses questions sur la révolution et ses suites et fait un portrait nuancé de la société égyptienne. Dommage que sa mise en scène soit un peu plate et que son interprète masculin principal, Bassem Samra, pourtant considéré comme l’un des grands acteurs de son pays, soit plutôt statique. Ce qui n’est heureusement pas le cas de la vive Menna Chalabi.

R. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9160