Musées de Fécamp et Boulogne-sur-Mer

Les surprises de ports de pêche

Publié le 17/08/2020

Qui s’attendrait à trouver au musée de Fécamp une collection de biberons remontant à l’Antiquité et dans le château-musée de Boulogne-sur-Mer les deuxièmes collections françaises d’égyptologie et de céramiques grecques et des masques Inuit ? Ces ports de pêche nous révèlent de belles surprises.

L'égyptologue Mariette,  né à Boulogne

L'égyptologue Mariette, né à Boulogne
Crédit photo : MUSÉE DE BOULOGNE

Les Pêcheries (1), musée de Fécamp installé depuis 2017 dans une ancienne sécherie de morue des années 1950, regroupent le musée des Terre-Neuvas et de la pêche et le musée de l’Enfance. Les marins partaient plusieurs mois par an dans les eaux de Terre-Neuve, au large du Canada, et l'on découvre leur quotidien, celui de leur famille, et l’évolution des techniques de pêche.

Le musée raconte aussi l’histoire de la Goutte de Lait, fondée en 1 894 par le Dr Léon Dufour. Il avait observé que la mortalité infantile, qui atteignait 25 %, était plus importante dans les quartiers du port (58 % en 1891, du fait d’une épidémie de gastroentérites, propagée entre autres par les tuyaux des tétines qui n’étaient pas désinfectés). Son but, encourager l’allaitement maternel ou mixte et proposer aux mères qui ne pouvaient pas allaiter « pour des raisons médicales ou sociales » de venir tous les matins chercher gratuitement à l’association le nombre de biberons de lait de vache maternisé nécessaire à leur nourrisson. Elles pouvaient aussi bénéficier d’une consultation gratuite de puériculture. Les résultats sont au rendez-vous et les Gouttes de Lait se multiplient en France ; elles seront plus de 100 en 1914 et 160 dans le monde. L'institution de Fécamp ferme ses portes en 1972. À Pantin, en région parisienne, une des dernières enseignes de la Goutte de lait devrait abriter en 2023 le Centre national édition d’art image (CNEAI), consacré à l’art contemporain.

Égypte, Grèce et Inuits

À Boulogne, le musée-château (2), construit en 1231 sur les fortifications d’un camp militaire romain, a reçu des donations exceptionnelles par leur qualité. Dont celle d'Auguste Mariette (1821-1881), natif de la ville. Il a renoncé à son activité d’enseignant pour devenir égyptologue. Devenu commis au Louvre, il est envoyé en Égypte pour acquérir des manuscrits et commence des fouilles à Saqqarah, au pied des pyramides de Gizeh, où il explore plus de 100 tombes (il y trouve le fameux Scribe accroupi du Louvre), découvre le site d’Edfou et crée le musée du Caire. Il sera nommé Conservateur adjoint du musée égyptien du Louvre, dans le département créé par Champollion. C'est là qu'iront la majorité de ses découvertes, mais 50 objets de grande qualité sont au musée municipal de sa ville natale.

Les 476 pièces de la collection de céramiques grecques et italiques proviennent  quant à elles de l’achat en 1861 de la collection de l’éditeur Charles-Louis-Fleury Panckoucke (1780-1844). Avec son chef-d’œuvre, « le Suicide d'Ajax » d’Exékias, le grand peintre de céramique du VIsiècle av. J.-C.

Au musée de Boulogne également, la collection d’Alphonse Pinart (1852-1911), explorateur du Nouveau Monde, avec les masques sugpiaq utilisés lors des chasses, une branche de la culture Inuit des confins de l’Alaska, près du Detroit de Béring.

 

 

 

 

 

(1) musees-normandie.fr/musees-normandie/les-pecheries-musee-de-fecamp

(2) musee.ville-boulogne-sur-mer.fr

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin