Les univers du vin et de l’imprimerie
Janine Boissard et Françoise Bourdin, dont l’univers romanesque prend souvent sa source dans les histoires de famille, comptent parmi les romancières les plus prisées au moment de l’été.
Janine Boissard (« L’Esprit de famille », « Une femme en blanc », « Marie-Tempête » ou, dernièrement, « Loup, y es-tu ? ») a choisi le titre évocateur de « Chuuut ! » (1) pour construire un roman autour d’un secret de famille. Fidèles à leur devise « On se tait, on se tient », les Saint Junien se consacrent, avec leurs trois enfants, à l’exploitation des vignes qu’ils possèdent près de Cognac et jamais ils n’évoquent le nom de Roselyne, leur fille aînée, qui s’est enfuie le jour de sa majorité, bien des années plus tôt. Lorsque Nils, le fils de la disparue, dont personne ne connaissait l’existence, débarque au château après la mort de sa mère, les langues commencent à se délier. Mais il faudra un drame, le meurtre d’une fillette, pour que le garçon, devenu le principal suspect, décide de faire éclater la vérité d’hier pour se défendre aujourd’hui. Une vérité qui risque aussi de faire voler en éclats le clan des Saint Junien.
Publié une première fois en 1998, « l’Héritier des Beaulieu » (2), de Françoise Bourdin, n’était plus disponible. Cette réédition – justifiée si l’on considère que cette auteure, qui a écrit une quarantaine de romans, dont quatre ont été portés à l’écran, a été classée 4e des romanciers les plus vendus en France en 2012 – nous mène dans le milieu de l’imprimerie, au manoir de Carrouges, où règne l’aîné des Beaulieu, chef d’entreprise comblé mais désespéré de n’avoir pas d’enfant à qui léguer son patrimoine. Ici, c’est un banal accident de chasse qui conduit chacun à découvrir sa véritable personnalité et à faire surgir des faits et des vérités enfouis.
À la conquête de l’Ouest
La vigne est à nouveau au cœur du dernier opus de Bernard Simonay, romancier prolixe qui pratique les genres les plus variés et qui renoue, dans « l’Amazone de Californie » (3), avec les romans d’aventure (« la Dame d’Australie », « les Tigres de Tasmanie »). C’est effectivement dans la jeune Amérique – on est en 1870 – que les Paleyras s’installent après qu’une machination a contraint le chef de famille à céder leur château bordelais. Le récit se déroule sur deux plans : les obstacles que doivent surmonter les nouveaux venus dans une contrée où règne la loi du plus fort, et le traumatisme que doit dépasser la jeune Enora, victime d’un viol avant leur départ de France. La vengeance sera-t-elle au bout du chemin ?
À chacune son destin
Romancière à succès en Angleterre, où elle a publié une quinzaine de romans (parmi lesquels « l’Enfant de l’ombre » et « Des pas dans la nuit » ont été traduits en France), Judith Lennox s’intéresse, dans « Mes sœurs et moi » (4), aux destins de quatre sœurs, qui, à la veille de la Première Guerre mondiale, rêvent leur avenir selon leur personnalité et que les bouleversements de l’époque vont conduire bien loin de leurs songes. Séparées, elles doivent accomplir seules leur destin, trouver en elles-mêmes le courage d’avancer en dépit des déceptions et des blessures, avec l’espoir, jamais abandonné, d’être à nouveau un jour réunies.
Les vicissitudes de la haute finance
« Park Avenue » (5) est une saga familiale mais pas seulement ; c’est aussi un roman sur la crise financière de 2008 qui a fait voler en éclat les certitudes et un roman sur la haute société new-yorkaise actuelle. Il s’agit du premier roman de Cristina Alger, qui, à seulement 31 ans et après avoir été diplômée de la faculté de droit de New York, a notamment travaillé comme analyste financière chez Goldman Sachs. On suit plus particulièrement les tribulations du jeune avocat qui, par amour pour Merrill, l’une des deux filles d’un patriarche à l’origine d’un empire financier, a aussi épousé la famille Darling, avec son cortège de privilèges mais aussi sa pléiade d’obligations. Lorsque Wall Street plongera, lorsque le scandale médiatique éclaboussera la famille, il devra choisir entre son propre intérêt et trahir sa femme et les siens ou les accompagner dans leur descente en enfer.
L’été de tous les dangers
Dans la foulée de ses romans « estivaliers » (« L’été sauvage », « L’été de la deuxième chance »), la romancière américaine Elin Hilderbrand publie « Secret d’été » (6). L’histoire a pour thème les liens fragiles mais réels d’une famille et d’une communauté après qu’un accident de voiture, au terme d’une soirée destinée à fêter la fin de l’année scolaire d’un lycée, a provoqué la mort de la jeune conductrice et le coma de son frère jumeau. Leur mère ne sait comment faire face à une vie sans sa fille et avec un fils, un grand athlète, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. D’autant plus qu’elle doit affronter des vérités pénibles sur ses enfants comme sur son propre rôle dans cette tragédie et sur un éventuel secret que l’adolescente aurait découvert ce tragique soir.
Une femme d’exception
Auteur de romans noirs reconnus par la critique, professeur à l’université de San Diego en Californie, Janice Steinberg a choisi, pour son premier roman, « les Belles Promesses » (7), de mêler la réalité à la fiction. À partir du personnage de la « juive intelligente » de Raymond Chanler dans « Le Grand Sommeil », elle dresse le portrait et l’histoire familiale d’Elaine Greenstein, qui fut une pionnière de l’accession des femmes à la magistrature, des grandes luttes sociales et politiques de la seconde moitié du XXe siècle. L’histoire se déroule en flash-back lorsque l’héroïne, âgée de 85 ans, trouve par hasard dans ses papiers un document qui laisse supposer que sa sœur jumelle, disparue depuis plus de soixante ans, aurait été retrouvée quelques années plus tôt. Une piste qui nous mène de l’Europe de l’Est au quartier juif déshérité de Boyle Heights, à Los Angeles, avec au centre le dénouement tragique d’une relation triangulaire.
(1)Robert Affolant, 321 p., 20 euros.
(2) Belfond, 321 p., 20,50 euros.
(3) Calmann-Lévy, 487 p., 21,50 euros.
(4) L’Archipel, 519 p., 23,95 euros.
(5) Albin Michel, 458 p., 22 euros.
(6) JCLattès, 399 p., 22 euros.
(7) Belfond, 468 p., 21,50 euros.
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