L’offensive nordique.
Les auteurs de polars issus des pays du Nord ont toujours la cote. À juste raison. Après avoir traduit dix titres d’Arnaldur Indridason, le chef de file des écrivains du genre islandais, les éditions Métailié proposent « le Livre du roi » (1), roman d’aventures et de suspense sur fond d’érudition qui date de 2006. L’auteur, qui est diplômé d’histoire, situe en 1955 une course-poursuite, à travers l’Europe, entre un jeune étudiant et son maître, spécialistes des écrits islandais anciens, et des néonazis qui cherchent à s’emparer du manuscrit original, datant du XIIIe siècle, du « Livre du roi », la première saga islandaise, connue aussi sous le nom d’« Edda poétique », dans laquelle certains illuminés cherchent les racines de la « race aryenne ».
Écrit également en 2006, « Bien mal acquis » (2) est le deuxième polar de l’autre reine du thriller islandais, Yrsa Sigurdardottir, après « Ultimes rituels », qui l’a fait connaître en France. On y retrouve l’avocate Thora Gudmundsdottir, qui est chargée d’assurer la défense d’un homme après qu’un meurtre a été commis dans la ferme qu’il venait de rénover. Un lieu qui avait la réputation d’être hanté. Un huis-clos « familial » aussi astucieux qu’oppressant.
Fidèle au personnage qu’il a créé en 1975, l’auteur norvégien Gunnar Staalesen consacre un 11e opus au privé Varg Veum. Dans « Face à face » (3), le détective reprend l’enquête d’un homme qui est venu mourir dans sa salle d’attente alors qu’il cherchait des informations sur une mystérieuse et ancienne disparition. La piste le ramène dans les années 1970, dans une communauté d’étudiants alors activistes tendance marxiste-léniniste. Un intéressant retour dans le temps dans un pays plus complexe qu’il n’y paraît.
Le héros récurrent du Suédois Kjell Eriksson est une héroïne, la commissaire Ann Lindell, et « l’Homme des montagnes » (4) est sa 6e aventure. Le récit tourne autour de sa ville natale d’Uppsala, mais le livre s’ancre au Mexique. Kjell Eriksson, dont les polars sont prétexte à sonder la société actuelle, a toujours été sensible au caractère multiculturel de la Suède. Ici, un patron de bar qui se targue d’être le maître de la nuit, est d’origine serbe ; face à lui, un paysan mexicain cherche pourquoi, alors qu’ils étaient venus pour trouver une meilleure vie, un de ses frères est mort et l’autre en prison. Un roman qui met l’accent sur les populations métisses et les peuples opprimés.
Nouvelle venue dans les librairies françaises très connue et appréciée en Suède, Viveca Sten nous fait découvrir, avec « la Reine de la Baltique » (5), l’île de Sandhamn, ses bords de mer édéniques, ses maisons en brique colorées, sa nature et ses rues vierges de toute voiture… et ses cadavres. Le récit permet de faire connaissance avec un duo d’enquêteurs sympathiques, un policier originaire de l’île et une jeune avocate amie d’enfance, et d’apprécier un scénario bien ficelé.
L’enfance meurtrie
Considérée comme l’un des meilleurs auteurs de suspense américains, Lisa Gardner est à la tête de la série « FBI Profiler » et d’une autre série consacrée au commandant du Boston Police Department, D.D. Warren. Dans « Preuves d’amour » (6), cette inspectrice de choc est confrontée à un autre officier de police féminin, qui vient de tuer son mari en état de légitime défense. Mais le véritable drame vient de la disparition de la petite fille de la suspecte. Un suspense habilement distillé, avec notamment des changements de perspective dans la narration.
Six ans après « Hématome », très remarqué à sa sortie, Maud Mayeras revient avec un deuxième roman qui ne laisse pas indifférent, « Reflex » (7). Son personnage principal est une photographe de l’Identité judiciaire, qui immortalise à la chaîne et sans état d’âme apparent les corps suppliciés des victimes de crimes. Jusqu’au jour où la vision d’un cadavre réveille son cauchemar et lui rappelle la disparition de son fils onze ans auparavant. « Une histoire de cœurs étranglés, de mères aux crocs luisants, de prédateurs affamés. » Âmes sensibles s’abstenir.
Fidèle à sa réputation de ne pas faire dans la demi-mesure, l’auteur écossais Stuart MacBride nous plonge, avec « Surtout, ne pas savoir » (8), dans un univers où tueur et flic se côtoient sur les deux versants de la même horreur. Le tueur a pour spécialité de faire parvenir à leurs parents, à la date anniversaire de leur enlèvement, des photos de leur enfant torturé, toujours une adolescente de moins de 13 ans. Avec ces deux hommes prêts à tout, aucune limite n’existe plus.
La Mongolie est le cadre du premier volume d’une série, signée Ian Manook – le pseudonyme de Patrick Manoukian, créateur des éditions du Tournon pour la jeunesse –, autour du personnage éponyme, « Yeruldelgger » (9). Ce Parisien bon teint, grand voyageur, nous entraîne des steppes oubliées de l’Asie Centrale aux bas-fonds inquiétants d’Oulan-Bator, après le meurtre d’une fillette blonde ici, de Chinois et de prostituées là. La traque de l’inspecteur Yeruldelgger le mène au cœur d’une guerre sale d’argent et de pouvoir pour s’accaparer les richesses minières du pays. Une intrigue qui tient la route et un dépaysement garanti.
(1) Métailié, 357 p., 21 euros.
(2) Anne Carrière, 412 p., 22 euros.
(3) Gaïa Éditions, 301 p., 22 euros.
(4) Gaïa Éditions, 437 p., 23 euros.
(5) Albin Michel, 386 p., 20,90 euros.
(6) Albin Michel, 431 p., 20,90 euros.
(7) Anne Carrière, 364 p., 21 euros.
(8) Calmann-Lévy, 500 p., 21,90 euros.
(9) Albin Michel, 542 p., 22 euros.
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