« Portrait de la jeune fille en feu »

Un duo incendiaire

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Publié le 19/09/2019

Priorité cette semaine à « Portrait de la jeune fille en feu », pour le regard que porte Céline Sciamma sur l'enfermement féminin, sur l'amour et sur ses actrices, sans oublier la création. Mais on pourra retourner dans les salles obscures pour Woody Allen ou Brad Pitt.

Adèle Haenel et Noémie Merlant

Adèle Haenel et Noémie Merlant
Crédit photo : LILIES FILMS

Le désir et la création sont au cœur du beau et troublant « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma, prix du scénario au festival de Cannes, et Queer Palm. Un regard acéré sur l'enfermement féminin et des contraintes que l'on peut encore reconnaître, même si l'action se passe au XVIIIe siècle.

Dans un château isolé sur une île bretonne, une jeune artiste est chargée de faire le portrait de la fille de la maison, qui vient de sortir du couvent, pour l'homme auquel elle est promise en mariage, contre son gré. La peintre et son modèle, qui ne veut pas poser, vont former un duo instable et, comme le titre l'indique, incendiaire. Encadré par deux autres femmes, la mère et la servante, et mu aussi par la musique.

Le personnage de la jeune fille a été écrit pour Adèle Haenel, juste, à défaut d'apparaître aussi innocente que l'exige le personnage, aux yeux de ceux qui l'ont suivie dans ses déjà nombreuses incarnations. Mais le premier rôle est celui de l'artiste, du regard, et il est excellemment tenu par Noémie Merlant (« le Ciel attendra », « Curiosa », entre autres).

Et aussi

Autre film français, « Trois jours et une vie », d'après le roman de Pierre Lemaître, qui a lui-même demandé à Nicolas Boukhrief (« la Confession »), d'adapter cette histoire sombre, dont le point de départ est la disparition d'un enfant, en 1999, dans les Ardennes belges.

Allons dans l'espace avec Brad Pitt : dans « Ad Astra », de James Gray, épopée intime, ce qui n'exclut pas des séquences spectaculaires, il incarne un astronaute parti aux confins du système solaire à la recherche de son père, alors qu'une mystérieuse menace pèse sur notre planète.

Quoi qu'on pense des accusations à l'encontre de Woody Allen (la justice a abandonné les poursuites après deux enquêtes distinctes), on reste curieux de ses œuvres : « Un jour de pluie à New York », présenté aux festivals de Venise et Deauville, est un chassé-croisé amoureux avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez et Jude Law.

Et encore « le Chardonneret », de John Crowley, thriller initiatique d'après le livre de Donna Tartt (prix Pulitzer 2014), avec Nicole Kidman.

Les amateurs de cinéma britannique ont quant à eux rendez-vous la semaine prochaine au Dinard Film Festival, qui fête ses 30 ans : du 25 au 29 septembre, des avant-premières, des films en compétition (le jury est présidé par Sandrine Bonnaire), des rencontres (Mike Leigh, notamment, dont on découvrira « Peterloo », sur le massacre de manifestants pour la démocratie en 1819), et deux documentaires autour du Brexit (www.dinardfilmfestival.fr).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin