« Carol » (Todd Haynes), « Et ta sœur » (Marion Vernoux)

Un duo sulfureux, un trio sympa

Publié le 14/01/2016
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" Carol »

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Crédit photo : NUMBER 9 FILMS/W. WEBB

Quand Patricia Highsmith publie « Carol », en 1952, elle signe d’un pseudonyme (Claire Morgan) cette histoire d’amour entre deux femmes, très scandaleuse pour l’époque. Todd Haynes a choisi deux interprètes d’excellence, Cate Blanchett, qui figurait l’un des visages de Bob Dylan dans son « I’m not there », et Rooney Mara, qui fut une étonnante Lisbeth Salander dans la version américaine de « Millenium ».

Tout est tiré au cordeau, dans « Carol » – sauf la fin, quelque peu lourde, et peut-être les courtes scènes de sexe : l’ambiance années 1950 côté « Mad Max » et Edward Hopper, la caractérisation des personnages dans leurs milieux sociaux différents et la direction d’actrices, qui sait faire sentir, sans effet, l’attirance entre les deux femmes. À ce sujet, on s’interroge encore sur les intentions du jury de Cannes, qui a partagé le prix d’interprétation féminine, non entre les deux indissociables actrices de « Carol », mais entre Rooney Mara et Emmanuelle Bercot (« Mon roi »). De la belle ouvrage en tout cas.

Retour en France avec « Et ta sœur ». Une blonde, une brune et un garçon. Le trio est tout sauf original. Mais Marion Vernoux, qui adapte le film américain de Lynn Shelton « Ma meilleure amie, sa sœur et moi », y met sa petite musique mélancomique, que l’on a pu apprécier par exemple dans « Love, etc. » ou « les Beaux Jours ». Et les paysages bretons noyés de pluie.

Les personnages font partie de cette génération de trentenaires un peu paumés qui inspirent tant le cinéma français actuel. Lui est un garçon en panne d’avenir ; elles, deux demi-sœurs qui ont peu en commun. Ils se retrouvent dans une maison isolée, pour des rapprochements ou des affrontements qui vont révéler leurs rancœurs et leurs désirs. On n’en dira pas plus. Si le film est peu original dans sa forme et moyennement ambitieux, les trois acteurs (Grégoire Ludig, Virginie Efira, Géraldine Nakache) parviennent à faire sourire et, par moments, à toucher.

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Autre comédie, « Arrête ton cinéma » : Diane Kurys met en scène Sylvie Testud, dont elle adapte le livre « C’est le métier qui rentre », sur ses difficultés à réaliser son premier film, avec Josiane Balasko et Zabou Breitman en productrices déjantées. Dans un genre différent, « Bang Gang, une histoire d’amour moderne », premier film d’Eva Husson, qui, inspirée par un fait-divers américain, dépeint des adolescents se livrant à des orgies sexuelles pour explorer leurs limites. Un documentaire aussi, « Mon maître d’école », sur la dernière année d’un instituteur de classe unique, à Saint-Just-et-Vacquières, petit village du Gard.

Pas de retraite dans le cinéma : Sylvester Stallone retrouve son rôle fétiche dans « Creed - L’Héritage de Rocky Balboa », il s’agit de boxe, bien sûr ; Robert Redford et Nick Nolte jouent les « Randonneurs amateurs » dans les Appalaches et ont réalisé les cascades nécessaires sans doublure.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9462