À Versailles et Paris

Un tsar et une amitié artistique

Par
Publié le 22/06/2017
Article réservé aux abonnés
Art-Nattier/tsar

Art-Nattier/tsar
Crédit photo : MUSÉE DE L'ERMITAGE

Au Grand Trianon, où Pierre le Grand (1672-1725) séjourne quelques jours lors de son voyage en France il y a 300 ans, 150 œuvres en provenance du château de Versailles et du musée de l’Ermitage mettent en scène la curiosité de ce tsar réformateur et sa soif insatiable de savoir.

Guerrier et grand voyageur, fondateur de la Russie moderne, Pierre le Grand cherche une alliance politique avec la France, qui aboutira à un traité d’amitié et de commerce. Mais, passionné de sciences et techniques sitôt les rencontres officielles terminées, après les demeures royales dont il apprécie davantage les jardins et l’aménagement intérieur que l’architecture, il visite l’Académie des Sciences, l’Observatoire, l’Hôtel royal des Invalides, l’Hôtel de la Monnaie, le Jardin des plantes, la manufacture des Gobelins et achète des livres et des instruments de mathématiques, d’astronomie et de médecine (vilebrequin avec trépan à couronne, pince ophtalmologique).

Fondateur de Saint-Pétersbourg en 1703, le tsar y attire le peintre Louis Caravaque, qui ouvre un atelier et forme de nombreux élèves, l’architecte Jean-Baptiste Le Blond, qui participe à la construction du château de Peterhof, et le sculpteur ornemaniste Nicolas Pineau.

Le voyage de 1717 ouvre ainsi la voie aux échanges économiques, intellectuels et artistiques entre la France et la Russie.

Des correspondances

Voilà un sujet peu banal pour une exposition, une histoire d’amitié entre trois artistes André Derain (1880-1954), Balthus (1908-2001) et Alberto Giacometti (1901-1966). Elle ne débouche sur aucune influence réciproque ni sur la création d’un courant artistique et pourtant, grâce à un choix des 350 œuvres, on découvre des correspondances et un univers commun des « forces obscures de la matière », selon l'expression de Derain.

Ces trois artistes aux modes d’expression si différentes ont en commun un intérêt pour la peinture ancienne, les civilisations primitives et une attention portée à la réalité. Ils sont portés vers les sujets traditionnels, le paysage, la nature morte, le portrait, auxquels ils ajoutent le théâtre, pour lesquels ils dessinent des costumes, le jeu, le rêve. Un désir de modernité loin du surréalisme et de l’abstraction.

– Grand Trianon, Château de Versailles, tous les jours, sauf le lundi, de 9 heures à 18 h 30, jusqu’au 24 septembre. Tél. 01.30.83.75.05, www.chateauversailles.fr
– Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, tous les jours sauf le lundi de 10 à 18 heures, jeudi jusqu’à 22 heures, jusqu'au 29 octobre. Tél. 01.53.67.40.00, www.mam.paris.fr

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin: 9591