« American Sniper », de Clint Eastwood

Une certaine idée du patriotisme

Publié le 19/02/2015
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Crédit photo : K. BERNSTEIN/WARNER BROS

Cinéma

À 84 ans, Clint Eastwood a une nouvelle fois réussi son coup, inspiré par la vie de Chris Kyle, le tireur d’élite le plus efficace de l’histoire militaire des États-Unis. « American Sniper » a conquis le public américain, malgré les critiques de quelques-uns (les « gauchistes d’Hollywood », selon Sarah Palin). Le film, qui évoque les quatre missions de Kyle en Irak, intercalées de scènes familiales, est impressionnant. C’est le portrait d’un patriote, qui ne se pose pas vraiment de questions sur les raisons de la présence de son pays dans ce lointain terrain d’action, pour qui compte avant tout la nécessité de protéger ses compagnons.

Clint Eastwood donne à voir, à comprendre, à toucher l’amour inconditionnel de nombreux Américains pour leur pays, ainsi que leur familiarité avec les armes. Que le cinéaste partage ou non cette vision monochrome est une autre histoire. Ce qui l’intéresse, c’est le personnage, son engagement et aussi le difficile retour des soldats. Chris Kyle a été tué à 38 ans, le 2 février 2013, par un ancien Marine souffrant de stress post-traumatique auquel il avait offert son aide ; le procès de cet homme vient de s’ouvrir au Texas.

Bradley Cooper s’est totalement investi dans le rôle, jusqu’à la transformation physique. Il n’a pas volé sa nomination aux oscars, l’une des six du film.

Les choses que font les gens

Monteur depuis près de vingt ans, notamment des films de Terence Malick, Saar Klein signe son premier long métrage avec l’ambition d’interroger « la place de la morale dans le monde moderne ». Qu’on se rassure, « Things that people do », prix du 40e anniversaire au festival de Deauville, n’est en rien théorique. Il met en scène un expert des assurances qui, pour avoir été trop honnête au profit des assurés, se retrouve sans emploi. Nous sommes au Nouveau-Mexique, où la bataille contre le désert est permanente et où tenir son rang, notamment en ayant une piscine, coûte très cher.

Bill, dévoué à sa femme et à ses deux garçons, se pense du côté du bien, mais comme le dit le flic désabusé rencontré au bowling, « il n’y a pas de péché, il n’y a pas de mal, il y a seulement les choses que font les gens ». On ne dévoilera pas ce que fait Bill, on dira seulement que le réalisateur installe dès le début une atmosphère trouble, anxiogène. Il délaye sans doute un peu son récit mais le montage offre de salutaires ruptures de rythme.

Et aussi cette semaine

Vacances scolaires obligent, on rit. Avec Kad Merad et Franck Dubosc qui, dans « Bis », de Dominique Faruggia, se retrouvent dans le passé, précisément en 1986, quand ils étaient adolescents. Avec Alain Chabat, qui, dans « Réalité », de Quentin Dupieux, vit d’étranges aventures en cherchant le parfait cri d’épouvante. Avec Colin Firth, qui joue les agents secrets dans « Kingsman », de Matthew Vaughn. Et, pour les plus jeunes, avec Bob l’éponge en long métrage.

Plus sérieux, « Max et Lenny », de Fred Nicolas, l’amitié, dans les quartiers Nord de Marseille, de deux jeunes filles, une Congolaise sans papiers et une rappeuse mal dans sa peau.

Le temps des récompenses

Ce week-end sera celui des récompenses. Vendredi soir seront décernés les césars (en direct sur Canal+), qui fêtent leur 40anniversaire. Le « Saint Laurent » de Bertrand Bonello, avec Gaspard Ulliel, fait figure de favori avec 10 nominations, suivi par « les Combattants », le tonique premier film de Thomas Cailley, et « Timbuktu », d’Abderrahmane Sissako. « Hippocrate », du médecin-cinéaste Thomas Lilti, n’est pas mal placé, avec 7 nominations.

Dimanche, ce sera le tour des oscars à Hollywood. En tête figurent « Birdman », d’Alejandro Iñárritu, qui sort en France la semaine prochaine, et « The Grand Budapest Hotel » de Wes Anderson. Marion Cotillard est dans la course pour la statuette de meilleure actrice (déjà emportée avec « la Môme ») pour « Deux jours, une nuit », en compétition notamment avec Julianne Moore, Reese Witherspoon et Meryl Streep (nommée pour la 19fois, un record).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9388