CINEMA - « Miss Bala », de Gerardo Naranjo

Une société explosive

Publié le 09/05/2012
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Crédit photo : DR

GERARDO NARANJO a grandi dans le centre du Mexique, dans un environnement assez violent, où notamment, les femmes étaient terriblement maltraitées. Mais ce n’est qu’arrivé à Mexico, à 18 ans, pour poursuivre son rêve de cinéma, qu’il a compris que « cette violence était l’indicateur que quelque chose allait mal ». « Depuis, dit-il, j’essaie de comprendre pourquoi notre société est si explosive. »

Dans l’interview qui figure dans le dossier de presse, il donne une réponse : « Nous ne sommes pas des Espagnols et la culture qui était originellement implantée ici était à la fois très avancée et très sauvage. Ils pratiquaient des sacrifices humains et mangeaient des cœurs humains. Qu’on l’aime ou non, nous appartenons à cette race. » Et d’ajouter : « Personne n’a jamais parlé de la façon très créative avec laquelle les barons de la drogue tuent les gens. C’est d’une créativité folle. Ils mettent des têtes de cochons sur les cadavres, comme si des rituels ancestraux étaient à nouveau pratiqués. Cela vient de notre côté sauvage, celui d’avant l’arrivée des Espagnols. »

Dans le film, la violence, qui en est, on l’a compris le sujet, est montrée du point de vue d’une jeune fille plutôt sage dont le rêve est de participer au concours de beauté de la région, la Basse-Californie (Miss Baja). À la recherche d’une de ses amies, elle va se trouver mêlée aux agissements d’un gang qui, comme beaucoup d’autres, a des relais dans la police et dans l’armée. Laura ne sait rien de la corruption, des trafics de drogue, des guerres de territoire que se livrent les cartels. Au milieu des fusillades et des exécutions, elle n’a pour elle qu’un instinct de survie et le courage des inconscients.

« Miss Bala » court à un train d’enfer, c’est son mérite, c’est aussi ses limites, car, en près de deux heures, cela fait beaucoup de morts et de sang versé et on s’en lasse ! La beauté de Stephanie Sigman, le suspense des doubles jeux – quand on arrive à les déchiffrer – et le contraste entre les paillettes du concours et le sordide des règlements de comptes emportent néanmoins l’adhésion.

R. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9123