C’est un record dont on se passerait bien : 1 244 déclarations d’incidents et d’agressions ont été recensées par l’Ordre national en 2022 dans son observatoire sur la sécurité des médecins. Ce bilan traduit un bond de 23 % des violences en un an et le pire résultat depuis deux décennies. Le précédent record datait de 2018 avec 1 126 déclarations.
Si les chiffres alarmants de cet observatoire sur la sécurité ne concernent que le corps médical, difficile de faire abstraction de la violente agression d’une infirmière et d’une secrétaire médicale au CHU de Reims en début de semaine, alors que la première est décédée des suites de cette attaque. L’Ordre lui-même appelle à « élargir le débat sur la protection de l’ensemble de la communauté des soignants ». La publication ordinale est surtout l’occasion de rappeler les mesures d'accompagnement possible de chaque médecin dans une démarche de signalement mais aussi de plainte.
Cette augmentation des agressions est-elle propre au corps médical ? La croissance enregistrée sur un an dans l’observatoire est en tout cas supérieure à celle des chiffres généraux de la criminalité et de la délinquance (15 % de hausse des coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans et plus), ce qui doit interroger l'ensemble des responsables du secteur de la santé. Parmi les agresseurs, la proportion de patients impliqués gagne quatre points. Mais surtout, si l’atteinte aux biens reste stable, les violences aux personnes ont encore progressé – de 76 % à 80 % – portées par les agressions verbales et les menaces.
L’examen des motifs des violences est surtout révélateur des tensions qui traversent le système de soins. Les reproches des patients relatifs à la prise en charge concentrent le tiers des motifs, devant les refus de prescription de médicament ou d'arrêt de travail. Les difficultés d'accès aux soins et la saturation des cabinets sont aussi la source de nombreuses violences – du refus d’être le médecin traitant aux délais jugés trop longs en passant par la question des « lapins ». Tous ces chiffres témoignent – si cela était nécessaire – du fait que les médecins pâtissent eux-mêmes de la crise de la démographie dans leur relation avec le patient. La question ne doit plus être éludée.
Ces chiffres sur la croissance des violences subies par la profession viendront très probablement alimenter la concertation sur la sécurité des soignants entamée en février, préambule à un plan d’action prévu pour l’été.
L’examen des motifs des violences est surtout révélateur des tensions qui traversent le système de soins.
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