Courrier des lecteurs

Déserts médicaux : la régulation à l'installation est-elle inévitable ?

Publié le 04/12/2021
Les déserts médicaux semblent s’imposer comme un enjeu des prochaines élections et ce sont les jeunes et futurs médecins qui en font les frais. À la mi-décembre, une quarantaine de députés a déposé une proposition de loi qui prévoit notamment une obligation d’exercer trois ans en zone sous-dotée, le conventionnement sélectif et le départ d’une zone sous-dense conditionné à un préavis d’un an.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Quand trop de systèmes incitatifs n’ont pas produit les résultats escomptés, il faut bien passer à des mesures plus directives. Pour ma part, j’ai depuis des années déjà proposé de conventionner les médecins sur la base de données démographiques semblables à celles appliquées aux pharmaciens.

Dr Jean-Pierre G

Il y a quelques années, avec des collègues, j’avais élaboré des propositions tenant compte des nouvelles réalités, y compris de la psychologie des jeunes confrères, avec des propositions d’aides originales d’installation, de fiscalité, etc. J’ai envoyé cela aux ministères et institutions. Pas de réponse. Où pèche ce projet ? Il n’est pas conforme aux poncifs de nos maîtres à penser de l’administration de la santé publique, obsédés par les maisons de santé. Or, si ces dernières permettent un bon exercice, elles ne sont qu’une solution parmi d’autres.

Dr Guy V

Il y a déjà 15 ou 20 ans, dans le village de mon grand-père, le médecin cherchait désespérément un successeur. La première question des candidats était : « Le Samu, il arrive au bout de combien de temps ? ». Quand on leur indiquait le délai de 45 minutes, ils n’étaient plus motivés. 15 ans plus tard, au même endroit, une de mes cousines fait un malaise cardiaque hors ouverture des cabinets. Ce sont les pompiers volontaires qui se sont déplacés pour l’emmener au CHR, avec ensuite un appel à l’hélicoptère pour le CHU…

Dr Yves A

Ne pourrait-on pas imaginer donner l’autorisation d’ouverture de cabinet secondaire aux médecins déjà installés afin d’assurer une rotation avec d’autres médecins, voire des internes de médecine générale ? Messieurs et mesdames les politiques, à vous de jouer.

Dr Christophe D

Obliger un jeune médecin à s’installer dans un site qu’il ne l’intéresse pas, c’est le pousser encore plus vers la dépression et le suicide. Je vous rappelle que les trois quarts des étudiants vont déjà mal. Si des mesures coercitives s’imposaient, il faudrait prévenir tous ces étudiants brillants au moment du Pass… Je vous garantis qu’une grande majorité de ces premiers de la classe se destineraient à un autre avenir professionnel.

Dr Avenir

La liberté est un pivot de notre principe républicain. Le reste est du domaine des politiques et en posant la question ainsi, vous allumez la flamme. Pour devenir journaliste, faudra-t-il pendant 4 ans s’occuper et copier l’état civil à la mairie de Trifouillis-les-Oies ? Pour faire de la politique, faudra-t-il exercer 10 ans à la mairie de Bartherans pour s’occuper des conflits ruraux ? Pour devenir vétérinaire, faudra-t-il exercer 5 ans dans les déserts du Morvan ?

Dr Emmanuel H


Source : lequotidiendumedecin.fr