Un discours corporatiste demeure dans le secteur de la santé au détriment des besoins réels de la population et des territoires. N’ayons pas peur de toucher à certains principes fondamentaux de « la médecine à papa ». Pour créer une rupture et aller vers un modèle de santé plus vertueux, plus collectif : dans le sens de l’Histoire. Nous nous engageons dans la voie d’une mobilisation pour restructurer les soins primaires en France à travers la généralisation d’équipes pluriprofessionnelles de proximité structurées et reconnues.
Passer de la compétence professionnelle à la compétence en équipe : ça fonctionne !
L’adaptabilité, l’efficacité des MSP qui agissent dans les territoires en est un parfait exemple. Ces équipes doivent être considérées comme l’unité de base des soins de ville et devenir le premier niveau d’entrée en soins. Pour notamment régler certains dysfonctionnements comme la gestion des patients en affection longue durée (ALD) : ils étaient 510 000 sans médecin traitant il y a quatre ans, ils sont aujourd’hui 714 000 (1).
Les équipes pluriprofessionnelles font alliance avec leur territoire en adaptant leurs actions aux problématiques de santé de la population locale. Elles envisagent des solutions adaptées, comme à Gaillon (Eure), où des professionnels de santé font de la prévention lors du marché hebdomadaire, ou encore à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine), une coordinatrice clinique a été recrutée pour repérer et prendre en charge des personnes de plus de 75 ans en perte d’autonomie (2).
Actuellement, il y a un réel danger d’une dégradation majeure des soins primaires !
Épuisement, insatisfaction, perte de sens… Certains professionnels de santé ont le moral en berne et cela se constate même chez les étudiants (27 % affirment avoir des symptômes dépressifs). Trop souvent, les professionnels de santé sont isolés. En zone désertée, et même en exercice dans un établissement pluridisciplinaire, l’afflux de patients est tel qu’ils ne parviennent plus à relever la tête pour prendre le recul nécessaire adapté aux besoins des usagers.
L’accès à la santé ne doit pas être pris en étau entre querelles politiciennes et suprématie d’une profession envers une autre.
Un plan ambitieux en faveur de l’accès aux équipes en MSP par tous et pour tous
Il n’est plus question de perfuser un système de santé dont l’organisation est révolue : les politiques publiques doivent favoriser l’émergence, sur tout le territoire, de l’exercice en équipes de proximité. Il faut aller plus loin, plus vite : sur le déblocage des 32 milliards d’euros alloués à la santé, seulement 0,14 % est consacré à la constitution d’équipes pluriprofessionnelles. Arrêtons de concentrer l’intégralité des financements des soins de ville sur un système conventionnel « à bout de souffle » privilégiant une approche « profession par profession, à l’acte » et négligeant les évolutions vers des rémunérations collectives en équipe. Évitons aussi l’écueil d’une organisation « hospitalo-centrée » : les parcours de santé des Français ne relèvent pas tous de la case « hôpital ».
Au-delà de l’investissement, la construction d’équipes par tous et pour tous doit passer par un soutien de l’État et des collectivités sur les volets immobiliers et des fonctions support. L’émergence de nouveaux métiers en lien avec les besoins de l’exercice en équipes de proximité coordonnées doit être soutenue et accompagnée : infirmières d’équipe de proximité, coordinateurs de MSP, techniciens de l’information médicale… Ces nouveaux métiers liés à l’exercice en équipe pluriprofessionnelle de proximité doivent trouver une reconnaissance rapide suivie de leviers à leur mise en œuvre.
Optons pour le bon sens et l’efficacité !
L’accès à la santé ne doit pas être pris en étau entre querelles politiciennes et suprématie d’une profession envers une autre. Rester en bonne santé tout au long de sa vie et bien vieillir sont des enjeux fondamentaux pour une société équilibrée et en harmonie. Ces objectifs ne seront pas atteints sans soins, sans prévention, sans promotion de la santé qui ne peuvent être sérieusement portés que par le collectif des MSP.
Ne compartimentons pas notre politique de santé dans des chiffres ou des objectifs vagues : optons plutôt pour le bon sens et l’efficacité ! Engageons-nous vers l’avenir des équipes en MSP : il en va du bien-être de la population, des professionnels de santé, de la vitalité de nos territoires.
(1) Cette situation induit des renoncements aux soins : 11 % des patients en ALD sans médecin traitant n’ont vu aucun médecin de ville en 2021, contre seulement 2 % pour ceux avec médecin traitant. Source : Cnam
(2) Exemples tirés du tour de France à vélo des MSP de Sylvain Fonte – projet « Aller verT »
En partenariat avec France Info
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