Le cri d’alarme des médecins se fait de plus en plus pressant. En cause, les rendez-vous pris et non-honorés par les patients, les fameux « lapins » ! Cette semaine, une nouvelle étude s'inquiète de la récurrence du phénomène. Publiée par l’Ordre départemental des médecins du Nord, elle montre que deux heures seraient perdues chaque semaine à cause de ces rendez-vous non-honorés, ce qui représenterait 7,6 % des créneaux de consultation. Et à l’heure où les Français font face à des problèmes d’accès aux soins, seuls 15 % de ces créneaux sont « réaffectés à de nouveaux patients ». Tous les profils de praticiens sont concernés mais l’étude menée sur un échantillon de 200 médecins révèle quelques différences. Les généralistes feraient face à 4,9 % de consultations annulées contre 11,3 % pour les autres spécialités ; ces lapins porteraient sur 5,4 % des rendez-vous en cabinet contre 13,9 % en établissement. Par contre, aucune différence n’est identifiée entre les déserts médicaux et les autres zones. L'Ordre appelle donc à « une véritable prise de conscience et des solutions conventionnelles pour lutter contre ce fléau ».
Ce n’est malheureusement pas la première étude à tirer la sonnette d’alarme. Citons celle de l’URPS-ML Grand Est qui montrait que 98,8 % des médecins étaient concernés, – et pour un quart d’entre eux avec plus de cinq rendez-vous non-honorés par semaine. En Île-de-France aussi, l’URPS-ML montrait que 79 % des médecins considèrent ce sujet comme une problématique majeure de leur organisation quotidienne.
Chacun avance ses propositions : sensibilisation des patients, impossibilité de prendre deux rendez-vous dans la même spécialité pendant une même période, option de « blacklister » des patients récidivistes voire pénalité financière. Des pratiques qui ne sont pas forcément autorisées et peuvent mettre le praticien en porte-à-faux. Ainsi ce généraliste installé à Angoulême attaqué devant l’Ordre après avoir exclu un patient qu’il suivait depuis plusieurs années… Dans le Var, la semaine dernière, des médecins ont décidé de sanctionner financièrement les patients leur posant des lapins.
L’année chinoise du lapin qui commence ce week-end sera-t-elle celle des solutions concrètes pour les médecins français ? Dans ses vœux aux soignants, le président de la République a parlé de « temps médical (…) gaspillé par un excès d’imprévoyance, de désinvolture » et il a annoncé un travail avec l’Assurance-maladie « pour responsabiliser les patients ». Se dirige-t-on vers des campagnes de communication à l’image de celle de l’été dernier sur « le bon usage des urgences » ? La mesure avait été saluée par l’Igas. L’agence recommandait qu’elle devienne un « élément permanent de la communication sur le recours aux soins » tout en appelant à la vigilance sur le risque de « messages culpabilisants ». La même recette suffira-t-elle à réduire l’impact des lapins sur l’activité médicale ?
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