Le phénomène n’est pas nouveau mais il prend petit à petit de l’ampleur. Et les chirurgiens se retrouvent en première ligne pour réparer les dégâts. C’est ce qui ressort de notre enquête sur les dérives des actes de médecine esthétique. Depuis plusieurs mois, le Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE) tire la sonnette d’alarme. Il avait notamment lancé un appel à la « mobilisation générale de toute la profession » au cours d’une conférence début janvier 2022. Il dénonçait déjà « la croissance exponentielle de l’activité de ces injectrices illégales (esthéticiennes ou coiffeuses, manucures ou même prothésistes oculaires), sans aucune compétence, qui sévissent sur les réseaux sociaux et des séquelles irréversibles pour leurs victimes ». En octobre, l’Académie nationale de médecine était également montée au créneau, appelant à « maîtriser les risques face à la croissance de la médecine esthétique ». L’instance y rappelait le fondement de la médecine esthétique, qui « doit donc être clairement distinguée des soins esthétiques réalisés par des esthéticien(ne)s ». Si cela semble évident pour le corps médical, ça va mieux en le disant !
Car l’influence des réseaux sociaux et des filtres sur les images, le développement d’un tourisme low cost ou encore la croissance d’activités illégales en France… entraînent des dangers pour une population de plus en plus jeune. « Aujourd’hui, ces actes de médecine esthétique sont de plus en plus proposés, notamment via les réseaux sociaux, par des pseudo-spécialistes non qualifiés, certains influenceurs en faisant même leur propre promotion », alertait ainsi l’Académie. Les risques sont liés à la qualité de la pratique bien sûr, mais aussi aux produits utilisés. « De nombreux produits falsifiés, et donc dangereux, mais théoriquement attractifs par leur prix moins cher, circulent », indiquait l’instance. Du côté de la Société française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique (SoFCPRE), le constat est le même.
Et, sans surprise ces pratiques s’accompagnent de complications, parfois graves. Comme en témoigne le Dr Adel Louafi, président du SNCPRE dans nos pages. Il cite, pour 2022, « une cinquantaine de cas graves (…) signalés à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), dont des hospitalisations en réanimation et des hospitalisations multiples, des chocs septiques, des nécroses, des amputations ». Et là, plus question de partir à l’étranger ou de faire appel à des pseudo-spécialistes, ce sont les médecins qui sont sollicités. Ce qui pose alors la question de la responsabilité.
Un meilleur encadrement de ces pratiques s'impose, mais ne faut-il pas aussi se battre à armes égales et investir les réseaux sociaux pour communiquer sur les complications liées à ces pratiques ?
Sans surprise ces pratiques s’accompagnent de complications, parfois graves.
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