Un tarif de la consultation de médecine générale à 30 euros ? C’est le montant mis sur la table par l’Assurance-maladie le 8 février. Si Thomas Fatôme et le gouvernement pensaient marquer des points décisifs dans les négociations conventionnelles avec les médecins libéraux, ils ont visiblement fait chou blanc. Car depuis, les praticiens ont fait leurs calculs.
« Le G à 30 euros correspond au simple rattrapage de l’inflation », recadre le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France. De fait, si on appliquait l’évolution générale des prix mesurée chaque année par l’Insee depuis le passage de la consultation à 25 euros, on frôlerait déjà les 30 euros, avant même que cette revalorisation ne soit appliquée… « Et si l’entrée en vigueur intervient en 2025, où est le choc d’attractivité promis pour la profession ? », s’impatiente le Dr Franck Devulder, président de la CSMF.
Du côté des spécialistes, le compte n'y est pas non plus. « Ce qui est mis sur la table est à pleurer ou à mourir de rire », cingle le Dr Patrick Gasser, coprésident d’Avenir Spé-Le Bloc, majoritaire, qui redoute depuis le début que les spécialités cliniques et techniques soient reléguées au second plan dans ces pourparlers. Les autres syndicats ne sont pas en reste pour pointer le goût de trop peu du deal envisagé de l’Assurance-maladie. Signe que les négociations conventionnelles sont vraiment entrées dans le dur…
Alors, coup de pression sur la Cnam et le gouvernement ou réelle volonté de sauter le pas ?
Le bras de fer avec la Cnam passe aussi par la menace réitérée de déconventionnement collectif. Même si la Cnam relativise les passages « effectifs » de médecins hors convention (quelques dizaines de janvier à septembre 2023), le mouvement initié par l’UFML-S semble prendre de l’ampleur. Le collectif Médecins pour demain a réitéré son soutien. « La médecine libérale telle que nous la connaissons aujourd’hui est en train de disparaître (…) Il faut sortir l’arme atomique », lance ce mouvement né en 2022 sur les réseaux sociaux. La FMF a embrayé cette semaine, considérant que « seule une pression large et unitaire permettra de débloquer la situation ». Faut-il y voir un signe ? Si les déclarations d’intention de déconventionnement plafonnaient sous les 3 000 en fin d’année, elles ont bondi pour dépasser les 4 600 cette semaine. Alors, coup de pression sur la Cnam et le gouvernement ou réelle volonté de sauter le pas ?
Plusieurs syndicats tempèrent en tout cas les ardeurs des plus radicaux, expliquant que la profession n’aurait rien à gagner à sortir du système conventionnel. Si elle déclare « comprendre la colère des collègues », la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France, ne peut souscrire à un mouvement « qui conduirait à accepter de ne soigner que les patients riches ». De son côté, le patron de la CSMF invite chaque médecin à faire ses comptes. « Vous constaterez par vous-même que vous y perdrez », alerte le Dr Devulder.
Les réunions bilatérales se poursuivent entre l’Assurance-maladie et les syndicats avant une prochaine séance plénière dans la première quinzaine de mars. D’ici là, les calculatrices de toutes les parties devraient chauffer.
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