À Naples, cinq services hospitaliers d’urgences ont été fermés au cours des quatre dernières années. Une étude rédigée par CIMO-FFESMED, le syndicat des médecins hospitaliers, affirme même que 113 services ont mis la clé sous la porte entre 2010 et 2020 à l’échelle nationale.
Dans ce contexte de désertification médicale, des centres d’urgence privés, parfois dotés d’un plateau de radiologie et de biologie, s’insèrent dans la brèche et se multiplient d’un bout à l’autre de la Péninsule. Un phénomène qui inquiète, faute d’encadrement suffisant : « Il faudrait être certain que les patients qui se retournent vers ces services privés ne devront pas se rendre par la suite aux urgences hospitalières parce qu’une migraine était en fait un AVC », s’alarme le Dr Fabio de Iaco, président de la Société italienne de la médecine d’urgence (Simeu).
Petites pathologies
Les premiers centres privés consacrés aux petites urgences et appelés Codice verde – code vert – ne datent pas d’hier. Ils ont été créés en 2012 à Milan par le Dr Carlo Zampori, spécialisé en médecine d’urgence. « Nous prenons en charge les petites pathologies, celles pour lesquelles un patient doit attendre en moyenne cinq ou six heures dans un hôpital avant d’être examiné », confie ce praticien.
Pour avoir accès aux antennes privées, les patients doivent d’abord appeler et expliquer leurs symptômes, ces structures effectuant un triage téléphonique. Ce système est censé éviter qu’un patient se déplace inutilement alors qu’il peut être conseillé et soigné à distance, affirme le fondateur de Codice verde. La consultation coûte 150 euros en moyenne mais le tarif est plus élevé lorsque les patients doivent effectuer des examens complémentaires (radios par exemple) réalisés dans un centre jumelé avec les structures de Codice verde. Le tarif augmente en cas de suivi médical dans ces urgences privées.
Contourner l’obstacle
Malgré des coûts parfois importants, la formule plait aux Italiens, dans ce contexte de pénurie. Les centres ont même poussé comme des champignons dans les grandes villes du sud et plus encore du nord. En Lombardie, le centre Bresciamed, inauguré le 18 mai 2023 et ouvert du lundi au vendredi, accueille désormais des centaines de patients.
À Rome, le groupe Villa Claudia a concocté une formule appétissante pour la population locale avec à la clé un service médical de garde ouvert toute la semaine, 24 h sur 24. Toujours à Rome, le groupe Romamed Service propose un service médical de garde privé avec des pédiatres, cardiologues, urologues et orthopédistes prêts à effectuer des visites à domicile. Ce service permet aux habitants de contourner l’obstacle des longues listes d’attente dans le public et des heures de patience requises aux urgences hospitalières.
Aujourd’hui accusées d’accélérer la fuite des praticiens hospitaliers qui se tournent de plus en plus vers le privé – souvent plus flexible au niveau des horaires et plus généreux côté revenus – ces structures intermédiaires suscitent l’inquiétude croissante des syndicats de médecins hospitaliers. Pour la Société italienne de la médecine d’urgence, elles risquent de fragiliser la santé publique et de renforcer l’idée d’un système privé réservé aux patients aisés.
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